La bande sahélo-saharienne, un repère de narcotrafiquants et de terroristes d'AQMI, est une zone de déstabilisation de la région. Il est clairement avéré que la drogue et le terrorisme vont de pair autour des bandes frontalières entre le Mali, la Mauritanie, le Niger et l'Algérie. La connexion entre les bandes mafieuses et les groupes terroristes ne fait aucun doute, de la cocaïne provenant de pays d'Amérique latine arrivent par tonnes dans la région du Sahel, notamment au Mali et en Mauritanie. Selon le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie qui était hier l'invité de la Chaîne III de la radio nationale, plus de 20 tonnes de cocaïne ont transité par ces deux pays durant l'année écoulée, et pis, les bandes frontalières du Sahel ont vu passer une grande partie des 240 tonnes de cette drogue qui provenaient de Colombie, du Brésil et du Pérou et qui ont transité par le continent africain en 2008. De quoi inquiéter les pays du Sahel dont la sécurité tient à leur coopération dans la lutte contre le trafic de drogue et contre le terrorisme, et à la coordination de leurs efforts pour œuvrer ensemble dans ces deux domaines. En plus du racket pratiqué par AQMI qui multiplie les enlèvements et exige le paiement de rançons par des pays d'Europe qui n'hésitent pas à s'y conformer - lui fournissant ainsi les moyens de financer ses opérations dans le Sahel et d'augmenter ses capacités de frappe - celui-ci s'appuie sur les cartels de la drogue pour s'approvisionner en armement. Si cette question inquiète hautement les dirigeants des pays du Sahel, il n'en demeure pas moins que les solutions sont recherchées séparément. Et à défaut de lutte conjointe pour une cause commune qui est la sécurité des pays de la bande, c'est l'hydre terroriste qui risque de sortir renforcée dans son œuvre destructrice à l'intérieur de la zone sahélo-saharienne. Les quelques initiatives entreprises jusque-là n'ont même pas eue pour effet de déblayer le terrain pour un travail commun. En juin dernier, des experts de l'Union africaine et de l'ONU se sont réunis dans la capitale sénégalaise afin de réfléchir sur la connivence entre le terrorisme et le trafic de drogue dans la bande sahélo-saharienne, et d'accorder les législations et les efforts des pays concernés. Il faut espérer que cette rencontre ne restera pas au stade de l'intention à l'image de celles qui l'ont précédée, mais tout porte à le croire quand on connaît le désir d'ingérence de pays occidentaux qui font capoter le moindre effort des pays du continent africain. «Si demain, nous avons une présence occidentale de quelque pays que ce soit, ils [les terroristes, ndlr] vont devenir des moudjahidine et là, nous créerons un enfer avec les meilleures intentions du monde», a déclaré hier le Premier ministre en marge de ses réponses aux questions des députés de l'APN soulevées lors des débats autour des déclarations de politique générale du gouvernement. Une déclaration sonnant comme une mise en garde à l'endroit de ces pays qui ont mis le Sahel dans le collimateur dans un but qu'ils ne peuvent dévoiler : l'exploitation de ses richesses. R. M.