Médecins et chirurgiens ont vivement plaidé, lors du 18ème congrès national de chirurgie, tenu durant deux jours à l'hôtel Hilton, pour la création d'une agence nationale de transplantation d'organes. Un projet annoncé depuis des années mais qui peine à voir le jour. Lors de l'inauguration des travaux de cette rencontre, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbes, s'est engagé à remettre sur les rails ce projet très attendu. Il a fait savoir que le texte de création de cette agence sera signé prochainement, précisant qu'elle sera «chargée des aspects liés, notamment, à l'organisation de la chaîne de soins menant à la transplantation».Le professeur Abdelaziz Graba, président de la Société algérienne de chirurgie et chef de service chirurgie au Centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC), a souligné la nécessité d'une telle agence pour promouvoir le don d'organes, notamment à partir de personnes décédées, et soulager la souffrance des malades. Le Pr Graba a précisé que «le comité national de greffe des organes, des tissus et des cellules s'est réuni à plusieurs reprises avec le ministère de la Santé pour finaliser le projet qui est actuellement à un stade très avancé, en attendant, dira-t-il, «les textes de loi portant sa création». Pour ce qui est des greffes de foie au niveau du CPMC, il fera part de 32 opérations réalisées depuis 2003, précisant toutefois qu'entre 300 et 400 malades nécessitent une transplantation hépatique par an. De son côté, le professeur Kraiba, du CPMC, a abordé l'intérêt de l'agence de greffes et de la mise en place d'un registre national pour les pathologies pourvoyeuses de transplantation, en vue de contribuer à créer une culture du don d'organes, en impliquant la société civile, les hommes de religion et la communauté scientifique. D'où l'importance d'un véritable plan communication, car, explique-t-elle, le ministère de la Santé est dans l'incapacité de faire ce genre de débat sur la transplantation. Le professeur français D. Castaing rejoindra l'avis du Pr Kraiba : «Nous, les médecins, nous ne sommes pas très doués pour la communication». «Or c'est primordial si l'on veut promouvoir et sensibiliser sur le don d'organes», reconnaît-il. Il estimera que la transplantation dépasse le problème de la technique, c'est, d'après lui, «tout un problème organisationnel de santé». S'agissant de la greffe du foie, il dira que «l'équipe française qui dispose d'une grande expérience dans le domaine est prête à aider les chirurgiens algériens». Pour lui, «il est également important de développer la transplantation d'organes, car elle est plus rentable que la prise en charge de la maladie elle-même», citant l'exemple de la transplantation rénale, qui est beaucoup moins coûteuse que la dialyse. Pour rappel, le ministre de la Santé avait annoncé dimanche, à l'ouverture des travaux du 18ème congrès national de chirurgie, qu'un programme d'urgence de lutte contre le cancer a été validé par le gouvernement. Il permettra, selon lui, «de combler le déficit dans la prise en charge par la radiothérapie». Le ministre, qui n'a pas nié l'existence de lacunes dans la lutte contre le cancer et certaines maladies non transmissibles, comme le diabète et l'hypertension artérielle, a annoncé qu'une nouvelle loi sanitaire est actuellement en cours de finalisation. Le 18ème congrès national de chirurgie, qui a pris fin hier, a été l'occasion d'aborder plusieurs sujets, notamment ceux liés aux greffes d'organes, les cancers du rectum et de l'ovaire. A. B.