Photo : S. Zoheir Par Wafia Sifouane Rencontré à la 15ème édition du Salon international du livre d'Alger, l'avocat Maître Amar Bentoumi, ancien ministre de la Justice, a procédé, lundi dernier, à la dédicace de son dernier ouvrage Naissance d'une justice algérienne paru aux éditions Casbah. L'ancien bâtonnier, président de l'Ordre des avocats, n'hésitera pas à nous parler de son ouvrage qui est rien moins qu'un document de référence pour les jeunes Algériens.«J'ai entrepris d'écrire ce livre car j'ai estimé nécessaire de laisser un document pour les générations futures pour qu'elles puissent savoir quelle était la situation de la justice applicable pour les Français d'Algérie et les Algériens musulmans», déclare Maître Bentoumi. «J'évoque dans mon ouvrage la justice telle qu'elle aurait dû être si l'on avait respecté les accords d'Evian, en montrant que selon ces accords dans le domaine judiciaire, il y avait une limitation de la souveraineté algérienne en matière judiciaire. Je parle de la création du ministère de la Justice inexistant durant l'époque coloniale où la justice algérienne était reliée directement au ministère français de la Justice», dira-t-il. «Dans le second chapitre, je parle du travail qui a été fait en vue de modifier et de simplifier l'organisation judiciaire pour son algérianisation. Nous avons fait le maximum pour algérianiser la justice algérienne. Je cite la formation continue des magistrats algériens qui n'étaient que des praticiens sans base juridique. Nous l'avons fait grâce au dévouement d'une cinquantaine d'avocats ayant abandonné leurs cabinets pour encadrer le système judiciaire que nous avons mis en place», ajoutera notre interlocuteur.L'auteur abordera également la question de la législation applicable en Algérie en s'appuyant sur des documents officiels. «Il était absolument nécessaire de créer un code de la nationalité dans le cadre du nouvel Etat algérien. Il y a aussi d'autres textes de lois énumérés dans cet ouvrage. Vous trouverez dans ce livre un certain nombre d'affaires qui se sont déroulées au début de l'indépendance comme l'affaire Khmissti et l'affaire des harkis. Il y a aussi un chapitre consacré à l'évolution de la justice algérienne dans les différents régimes ainsi que les reformes de l'an 2000 avec la mise en place de la commission des réformes de la justice. C'est une sorte de critiques objectives de ces réformes, qui met en relief ses aspects positifs et négatifs. Pour conclure, nous citons aussi une partie du discours du Président lors de l'ouverture de l'année judiciaire 2008», indiquera M. Bentoumi.Concernant le dernier chapitre de son ouvrage, l'auteur définit les conditions d'une véritable organisation judiciaire qui doit reposer sur un certain nombre de principes.Interrogé sur l'état actuel de la justice algérienne, M. Bentoumi dira qu'«elle souffre d'insuffisances. Je ne pense pas que tout est mauvais et à refaire mais dans certaines catégories d'affaires, nous constatons que la justice dérape parfois», affirmera-t-il. L'auteur conclura sa présentation en définissant les motivations qui l'ont conduit à écrire ce livre. «J'ai écrit ce livre pour montrer aux jeunes quelle aurait été leur situation à l'époque coloniale. Qu'aurait-elle pu être si l'on avait respecté les accords d'Evian ? Je leur explique aussi comment ont été créées les structures juridiques et judiciaires en Algérie et comment elles ont évolué durant les 45 premières années de l'indépendance».