Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Alors que le secteur est engagé à réhabiliter les activités culturelles qui font défaut à travers la wilaya depuis plusieurs années, la pratique de la lecture et la fréquentation des salles de lecture et autres bibliothèques existant pour le moment sont loin de susciter de la bousculade dans la ville de Bouira et encore moins dans les localités éloignées du chef-lieu de wilaya. En 2007, en présence de la première responsable de la culture, Khalida Toumi, il avait été annoncé que dix communes de la wilaya seraient dotées de bibliothèques communales, afin d'encourager la pratique culturelle et la lecture publique. Sur place, il avait été décidé le lancement d'études techniques pour la réalisation de trois grandes bibliothèques à Bouira, Aïn Bessem et Sour El Ghozlane. La ministre avait alors insisté sur la nécessité de réhabiliter la pratique de la lecture au profit des jeunes et du public en général. Trois années après, les travaux de réalisation ne sont toujours pas achevés, faisant plusieurs milliers de jeunes avides de lecture et de documentation dans les différents domaines. Dès lors, on ne trouve plus que les cybercafés qui sont mieux fréquentés par les citoyens de différents âges. Les responsables indiquent que ce phénomène est dû au fait qu'avec de simples clics, le public peut disposer d'une banque de données plus importante et qui correspond le mieux aux informations recherchées et aux goûts. Ainsi, les salles de lecture qui étaient par le passé relativement pleines de lecteurs et d'élèves qui avaient l'habitude d'y consulter des ouvrages divers, de réviser ou de préparer des exposés, ont été de plus en plus boudées par une grande partie du public. Certains lecteurs déplorent le manque d'ouvrages qui correspondent à leurs choix, d'autres critiquent la prestation du personnel qui gère ces établissements, alors que certains élèves ou étudiants se plaignent du fait que les titres existants ne sont pas renouvelés ni compatibles avec les nouveaux programmes scolaires. Cependant, les élèves de terminale, lorsque la date des épreuves du baccalauréat n'est plus qu'à quelques jours, se ruent sur les salles de lecture, afin de réviser leurs cours en groupe. Pour pallier ce manque, ceux qui s'apprêtent à subir les épreuves de la fin d'année préfèrent aller dans les cybercafés pour télécharger les cours ou les documents qu'ils veulent. D'ailleurs, même au cours de l'année scolaire, en dépit de l'existence de salle de lecture et de bibliothèque dans les établissements scolaires (lycées et collèges), la majorité des élèves n'hésitent pas à chercher le contenu d'un exposé ou un document (copié-collé) directement du gérant du cybercafé proche de leur domicile, moyennant une somme d'argent. Ce procédé est connu par les enseignants, mais ces derniers le tolèrent et n'incitent guère les élèves à faire une véritable recherche à travers la lecture d'un livre ou d'un recueil. Sur le plan de lecture d'ouvrage de littérature ou de culture générale, le constat fait par les spécialistes est peu reluisant. En effet, lors du cinquième Festival du livre et du multimédia amazighs, organisé dernièrement à Bouira, de nombreux écrivains et propriétaires de maison d'édition ont mis l'accent sur les effets néfastes que représente l'absence de lecture sur la production littéraire et sur le livre. Ces derniers ont jugé nécessaire que l'Etat prenne en charge la promotion du livre et l'encouragement de la lecture, notamment au niveau des établissements qui ont été réalisés depuis des années et qui ont coûté des sommes colossales au Trésor public. Ils ont suggéré que les bibliothèques et autres salles de lecture soient adaptées aux nouvelles données, sur le plan de l'organisation, du nombre de titres et de la qualité des manuels mis à la disposition des lecteurs. Certains éditeurs ont déploré le fait que la majorité des livres édités dernièrement ne sont pas disponibles en nombre suffisant au niveau des bibliothèques. Ce qui signifie pour eux que ces établissements gérés par les communes ne sont pas dotés d'une enveloppe financière suffisamment importante pour alimenter ou renouveler les rayonnages en livres. Ce qui n'est pas possible, affirment certains responsables, les communes manquant de budget pour le domaine de la culture.