De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Alors que le secteur est engagé à réhabiliter les activités culturelles qui font défaut à travers la wilaya depuis plusieurs années, la pratique de la lecture et la fréquentation des salles de lecture et autres bibliothèques existantes pour le moment sont loin de susciter de la bousculade dans la ville de Bouira et encore moins dans les localités éloignées du chef-lieu. Alors, il se trouve que les cybercafés sont mieux fréquentés par les citoyens de différents âges. Les responsables indiquent que ce phénomène est dû au fait que, d'un simple clic, le public peut disposer d'une banque de données plus importante et qui correspond le mieux aux informations et aux goûts recherchés. Ainsi, les salles de lecture, relativement pleines par le passé de lecteurs et d'élèves qui avaient l'habitude d'y consulter des ouvrages divers, de réviser ou de préparer des exposés, se sont vues de plus en plus boudées par une grande partie du public. Certains lecteurs déplorent le manque d'ouvrages qui correspondent à leurs choix, d'autres se plaignent de la prestation du personnel qui gère ces établissements, alors que certains élèves ou étudiants regrettent que les titres existants ne soient pas renouvelés et ne soient pas compatibles avec les nouveaux programmes scolaires. Cependant, certains élèves de terminale, pour qui la date des épreuves du baccalauréat est proche, se sont rués sur les salles de lecture afin de réviser leurs cours en groupe. Mais pour pallier au manque d'ouvr ages et se préparer à subir les épreuves de fin d'année, d'autres préfèrent aller dans les cybercafés pour télécharger les cours ou les documents qu'ils veulent. D'ailleurs, même au cours de l'année scolaire, en dépit de l'existence de salle de lecture et de bibliothèque dans les établissements scolaires (lycées et collèges), la majorité des élèves n'hésitent pas à obtenir directement le contenu d'un exposé ou d'un document (copié-collé) directement du gérant du cybercafé, proche de leur domicile, moyennant une somme d'argent. Ce procédé est connu des enseignants, mais ces derniers le tolèrent et n'incitent guère les élèves à faire une véritable recherche à travers la lecture d'un livre ou d'un recueil. Sur le plan de la lecture d'ouvrage de littérature ou de culture générale, le constat fait par les spécialistes est peu reluisant. En effet, lors du cinquième Festival du livre et du multimédia amazighs, organisé dernièrement à Bouira, de nombreux écrivains et propriétaires de maison d'édition ont mis l'accent sur les effets néfastes que représente l'absence de lecture sur la production littéraire et sur le livre. Ces derniers ont jugé nécessaire que l'Etat prenne en charge la promotion du livre et l'encouragement de la lecture, notamment au niveau des établissements qui ont été réalisés depuis des années et qui ont coûté des sommes colossales au Trésor public. Les mêmes acteurs ont suggéré que les bibliothèques et autres salles de lecture soient adaptées aux nouvelles données, sur le plan de l'organisation, du nombre de titres et de la qualité des manuels mis à la disposition des lecteurs. Certains éditeurs ont déploré le fait que la majorité des livres édités dernièrement ne soient pas disponibles au niveau des bibliothèques en nombre suffisant. Ce qui signifie pour eux que ces établissements gérés par les communes ne sont pas dotés d'une enveloppe financière importante afin d'alimenter ou renouveler les rayonnages en livres. Sur un autre registre, il faut signaler que la wilaya a bénéficié de plusieurs projets, pour la réalisation de bibliothèques au niveau des communes, dont le financement était prévu à partir du programme des Hauts Plateaux et par le Fonds commun des collectivités locales (FCCL). D'ailleurs, lors de sa dernière visite dans la wilaya en 2007, la ministre de la Culture avait insisté sur la nécessité de réhabiliter la pratique de la lecture au profit des jeunes et du public en général et elle avait même décidé le lancement des études techniques, pour la réalisation de trois grandes bibliothèques à Bouira, Aïn Bessem et Sour El Ghozlane). Celle du chef-lieu devait être une annexe de la Bibliothèque nationale (BNA) ; le choix du terrain a été effectué, cependant les travaux de réalisation peinent à être entamés. Pour le directeur de la culture que nous avons rencontré, le projet sera lancé au mois de juin prochain. Il ajoutera que les projets des bibliothèques communales de Dirah, Bordj Okhris ont déjà été lancés. Par ailleurs, au cours de l'année 2007, la wilaya a reçu un don de 2 390 ouvrages qui ont été distribués entre les bibliothèques municipales (Aïn Bessem, Bouira et la localité de Selloum dans la commune d'Aghbalou), les bibliothèques des établissements scolaires tels que le lycée Abderahmane Mira de Bouira et aussi pour équiper les sièges de certaines associations culturelles, qui activent sur le terrain.