Environ un an et demi s'est passé depuis que la Fédération internationale de football (Fifa) a procédé au changement de ses statuts pour ce qui est de la limite d'âge des joueurs binationaux quant au choix de la sélection. Un amendement survenu suite à une proposition déposée par la Fédération algérienne (Faf). Depuis, la sélection nationale de football a pu bénéficier des services de plusieurs joueurs binationaux ayant déjà évolué en équipe de France dans les catégories inférieures. On peut citer, à ce titre, Mourad Meghni, Hacen Yebda, Djamel Abdoun, Carl Medjani ou bien Ryad Boudebouz. D'autres pourraient également suivre dans les semaines ou mois à venir à l'image de Yanis Tafer, qui a pris part récemment au championnat européen des moins de 19 ans avec l'équipe de France. Des joueurs avec lesquels la sélection algérienne a participé aux phases finales des Coupes d'Afrique et du monde 2010 pour ce qui est des premiers cités. Il faut dire que l'Algérie a tiré profit de ce changement de loi étant donné qu'elle a pu bénéficier des talents de joueurs d'un bon niveau. D'ailleurs, c'est la Fédération algérienne qui avait déposé, l'année dernière, une proposition allant dans ce sens. Par la suite, le 59ème congrès de la Fifa, qui s'est réuni aux îles Bahamas, les 2 et 3 juin 2009, a adopté cette proposition d'abolir toute limite d'âge pour jouer pour une autre sélection, en modifiant l'article 18 du règlement d'application des statuts de la Fifa. Auparavant, cette limite d'âge a été fixée à 21 ans. Un joueur ayant dépassé cet âge, comme c'était le cas alors pour Meghni ou Yebda, ne pouvait plus changer de sélection même si celle avec laquelle il avait évolué avant ne l'utilisait plus. C'est avec 112 voix pour et 82 voix contre que la proposition algérienne a été votée. Cependant, l'interdiction de jouer pour une autre sélection A pour un joueur qui a déjà porté le maillot d'une sélection A prévaut toujours. Donc, seuls sont concernés les joueurs ayant déjà joué pour une sélection donnée en catégorie jeune. En tout cas, cette proposition de la Fédération algérienne, et le fait qu'elle soit acceptée par la Fifa, a été bien accueillie par la totalité des pays africains. Depuis ce changement, plusieurs sélections du continent, tout comme l'Algérie, ont pu bénéficier de talents jusque-là inutilisés. Il va sans dire que plusieurs joueurs binationaux, après avoir tenté leur chance dans les sélections européennes, se sont retrouvés sur la «touche» en raison de la forte concurrence qui existe en Europe. S'ils ne peuvent pas, globalement, gagner une place en équipe de France, d'Angleterre, d'Italie ou de Hollande, pour ne citer que ceux-là –bien que certains joueurs ne soient pas sélectionnés en Europe pour des considérations extrasportives parfois– ils peuvent, néanmoins, apporter beaucoup pour les équipes africaines. C'est le cas, ainsi, pour un Meghni, qui, rappelons-le, est arriver jusqu'en finale de la Coupe du monde avec l'équipe de France chez les cadets. Bien évidemment, il faut dire que, dans certains cas, la décision des joueurs de «changer» de sélection dépasse les aspects purement sportifs. Certains d'entre eux, en arrivant à maturité, se rendent compte qu'ils ont fait fausse route durant les années précédentes. Ils se décident ainsi à opter pour leur pays d'origine. Chose impossible auparavant. La proposition algérienne leur a donc permis de faire ce choix. Que ce soit pour des considérations sportives ou liées aux convictions personnelles, ce changement a fait en sorte que plusieurs pays africains ont désormais la possibilité de bénéficier de joueurs talentueux qui ne pouvaient être sélectionnés avant juin 2009. Des joueurs comme Meghni, Yebda ou Medjani apportent beaucoup, à un moment ou un autre, à la sélection nationale. Laisser des talents s'évaporer sans qu'ils soient utilisés par des sélections était devenu inconcevable pour plusieurs fédérations. D'où l'appui qu'avait eu la proposition algérienne et le vote favorable qui a suivi après. Il est clair que sur les 112 voix pour, la majorité d'entre elles étaient africaines. C'est l'Afrique qui souffrait le plus de la situation prévalant auparavant. Etant donné que la majorité des championnats africains de football ne peuvent pas attirer ces joueurs, qui sont beaucoup mieux rémunérés ailleurs, il va de soi que leurs fédérations ne pouvaient qu'être favorables à un tel changement de loi. Mais, il faut s'attendre à une réaction des pays européens qui ne sont pas forcément d'accord avec un tel revirement… A. A.