Photo : S. Zoheïr De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Tlemcen, à l'instar d'autres villes du pays, vit les mêmes scénarios, au niveau des bureaux de poste et des banques, à la veille de l'Aïd El Adha. Des files d'attente s'allongent devant les guichets, et dont les causes sont souvent cette panne des visionneuses et le manque de liquidités, ce qui met les nerfs des citoyens à rude épreuve. Il y a de la tension dans l'air. Un rien, un mot de trop, un geste équivoque et la colère éclate.Depuis plus de deux semaines, on assiste à une véritable ruée sur les structures bancaires. Ceux qui n'ont pas encore perçu leur salaire interpellent vertement les préposés aux guichets, leurs seuls interlocuteurs, et leur demandent de faire quelque chose pour qu'ils aient leur argent pour pouvoir acheter le mouton, même si les prix sont plutôt «dissuasifs». À Tlemcen, comme ailleurs en Algérie, cherté ou pas, les gens achètent. Sacrifier un mouton est devenu plus qu'un acte religieux non obligatoire. C'est une nécessité imposée par la société…Pour certains pères de famille et particulièrement ceux pour qui cette fête sacrée devient une véritable et périlleuse acrobatie budgétaire, le prix du mouton est une saignée dans le budget familial difficile à atténuer, surtout s'ils n'arrivent pas à percevoir leurs salaires. Les prix des moutons oscillent entre 18 000 et 40 000 dinars. Pour pouvoir débourser cette somme, il faut avoir fait des économies sur plusieurs mois, ce qui est impossible quand les salaires sont bloqués pour cause de manque de liquidités. Aussi les citoyens continuent-ils à courir derrière leur argent et à attendre des heures devant la poste pour retirer cet argent dont ils ont tant besoin.