Cheikh Abderrahmane Djilali, décédé dans la nuit de jeudi à hier à l'hôpital de Aïn Taya (Alger) à l'âge de 103 ans, a été enterré hier au cimetière de Sidi M'hamed à Alger, après la prière d'el asr. Érudit, historien et sociologue versé dans les sciences de l'islam (fiqh), auxquelles il a consacré sa vie entière et durant laquelle il a formé un nombre incalculable d'imams, d'élèves en théologie et de révolutionnaires, à l'image de Mourad Didouche. Il s'est éteint après un siècle de don de soi au profit de l'Algérie et de son histoire, et de la nation musulmane. Cheikh Abderrahmane Ben Mohamed El Djilali, qui est né le 9 février 1908 à Alger, apprit très tôt le Livre sacré (Coran), qu'il avait terminé à l'âge de 15 ans à la Grande Mosquée d'Alger (Djamaa El Kébir), à la mosquée Sidi-Ramdane et au mausolée de Sidi Abderrahmane Ethaâlibi. Ses maîtres furent le professeur Bencheneb et les oulémas Bensmaïa, El Hafnaoui, Zeribi El Azhari et Brahim Ben Hassen. Jusqu'à ses derniers jours, il était consulté pour ses fatwas. Son nom se confondait aisément avec le croissant lunaire annonçant le début du Ramadhan et l'Aïd El Fitr, des occasions durant lesquelles il faisait son apparition à la télévision comme président de la Commission des croissants. C'est l'une des facettes de sa vie que retient de lui le commun des mortels et que l'auteur de l'oraison funèbre, prononcée hier au cimetière de Sidi M'hamed, a tenu à rappeler en fondant en larmes. Abderrahmane Djilali a animé des émissions radiophoniques et télévisuelles consacrées à la religion, notamment aux hadiths du Prophète (QSSSL) et les fatwas, dès les années 1940, lors de l'émission «L'avis de la religion», qui a accompagné la vie des Algériens des années durant. C'est là aussi une facette de sa personnalité associée à «l'engagement» en faveur du pays et de la région musulmane et à la «discipline». Deux maîtres mots sur lesquels insistera l'orateur, à telle enseigne que, «si quelqu'un voulait un rendez-vous précis, il n'avait qu'à régler sa montre sur lui». Cet érudit connu comme professeur universitaire et enseignant en fiqh maliki a reçu le grand prix littéraire d'Alger en 1960 et l'attestation de mérite remise par le président de la République en 1987. Il a également écrit d'autres livres consacrés au pèlerinage à La Mecque, aux trois villes millénaires (Alger, Médéa, Miliana), ainsi que des pièces de théâtre. Il a été inhumé au cimetière de Sidi M'hamed, en présence de quelques personnalités de la culture (le comédien Saïd Hilmi et d'autres), ainsi que d'anciens ministres, dont Lamine Bechichi, et un représentant du MSP. Auparavant, la dépouille mortelle a été déposée pour un dernier hommage au domicile du défunt à Mohammedia. A. R.