Sommes-nous à la veille de voir enfin le marché national de la viande rouge régulé une fois pour toutes ? L'annonce officielle de la création d'une EPIC dénommée «Algérienne des viandes rouges», par abréviation «Alviar», sous la tutelle de la société de gestion de participation Proda le suggère, dans la mesure où cette filiale a pour mission principale d'annihiler toute tension conjoncturelle sur le marché du produit carné frais.Alviar va donc, et selon les termes de l'acte de constitution établi par la direction des domaines de la wilaya d'Alger, prendre attache avec les éleveurs de moutons et de bovins pour se procurer chez eux des agneaux et des veaux qu'elle va engraisser jusqu'à atteindre un niveau de croissance commercial. Après, elle procédera à l'abattage de lots dans les trois abattoirs modernes qu'elle aura construits à l'est, le centre et l'ouest du pays. Et où les carcasses seront coupées par petits quartiers pour leur commercialisation en gros, demi- gros et détail. Elle se chargera de la commercialisation de sa production de viande fraîche chaque fois que la SGP lui donnera le feu vert, c'est-à-dire quand les signes de tension sur le marché feront leur apparition. Une démarche visant à annihiler toute tentative de spéculation en la matière. Notons également qu'en plus de se proposer d'acheter des agneaux, Alviar va fournir un autre service aux éleveurs. Mettre à leur disposition des «tunnels de congélation» où les éleveurs stockeront les carcasses de leurs moutons abattus dans l'attente de leur vente. En somme, ces deux offres de service vont libérer les éleveurs ovins du spectre d'une chute des cours ou de l'emprise des spéculateurs qui ont de tout temps imposé leur diktat sur le marché de la viande ovine : achetant au plus bas prix et vendant aux bouchers détaillant à des tarifs exorbitants. Lésant ainsi aussi bien les éleveurs que les consommateurs. En résumé, le système de régulation que va introduire la SGP Proda par l'entremise de sa filiale Alviar va servir à mettre en vente sur le marché un nombre important de moutons, engraissés dans les espaces d'élevage de la SGP, chaque fois que les prix sur pied ou sur les étals des bouchers grimperont. C'est là une démarche identique à celle opérée en 2008 et qui a concerné la pomme de terre à travers le système de régulation des produits à large consommation (Syrpalac). Ce système a sauvé des centaines de producteurs de pomme de terre de la faillite suite à des récoltes de tubercules record qui ont eu pour conséquence un effondrement des cours de la pomme de terre. L'Etat a acheté la production des agriculteurs à prix référentiel de 25 DA/kg, leur assurant ainsi un gain et non des pertes financières. Après avoir constaté l'impact positif du Syrpalac, la tutelle avait décidé à l'époque de l'élargir à d'autres produits soumis à des tensions conjoncturelles comme ça a toujours été le cas dans le marché de la viande rouge fraîche. Cette projection est aujourd'hui en partie concrétisée avec la création d'Alviar qui devra, dans un premier temps, assurer une régulation du marché de la viande rouge avant d'intégrer, dans une seconde étape, celui de la viande blanche. La filière avicole étant, elle aussi, sous l'emprise de la spéculation. Pour l'heure, il s'agit de savoir si nos éleveurs ovins vont s'inscrire dans cette démarche. Apparemment, tout dépendra de l'offre d'achat de l'agneau que va leur proposer Alviar. Des prix intéressants ne pourraient que fidéliser sa clientèle. Dans le cas contraire, les éleveurs continueront d'approvisionner directement le marché qui est soumis au diktat des maquignons, véritable baromètre du marché national du bétail. Espérons que cette emprise vit ces dernières semaines grâce au système de régulation qui va être mis en place, et que l'ensemble des consommateurs attendent avec impatience. D'autant plus que cet instrument de régulation actionné par Alviar devra, à terme, imposer une organisation transparente des marchés nationaux du bétail et de la viande. Z. A.