La tension monte au Nigeria une semaine après l'enlèvement par le Mend de sept employés étrangers travaillant au sein d'une compagnie pétrolière britannique dans le Delta du Niger, dans le sud du pays. Les autorités d'Abuja ne semblent pas, en effet, disposées à entamer des pourparlers pour la libération des expatriés enlevés par le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger qui veut un meilleur partage des richesses pétrolières que recèle cette région du pays qui est l'une des plus pauvres aussi. L'armée du Nigeria a menacé samedi soir de s'attaquer aux campements de bandes armées nichés dans les criques du delta du Niger et a invité les populations civiles des environs à évacuer la zone, a rapporté Reuters. L'attaque du Mend contre une plate-forme pétrolière, un mois après le double attentat commis à Abuja lors de la cérémonie de célébration du cinquantenaire de l'indépendance du pays, peut être interprétée comme un signe de rupture du cessez-le-feu proclamé il y a quelques mois par ce mouvement rebelle. «Nous observons avec inquiétude des actes criminels commis ces derniers jours par certains individus posant pour des activistes […] Bon nombre de ces criminels se cacheraient dans des camps installés dans les criques du delta du Niger», a déclaré le général Oluseyi Petinrin, chef d'état-major général, dans un communiqué. «Ces campements ne seront plus tolérés. Pour éviter tout dommage collatéral, nous profitons de cette occasion pour ordonner à tous les citoyens respectueux de la loi qui vivent dans les parages de ces camps de s'en aller», a-t-il encore ajouté, repris par Reuters. L'armée nigériane a déjà attaqué vendredi dernier un camp des rebelles dans l'Etat de Bayelsa, a indiqué la force spéciale créée dans la région du delta (JTF). La dernière offensive militaire remonte à avant août 2009, date qui a marqué la mise en œuvre, sous l'égide du président Goodluck Jonathan, d'une loi amnistiant les rebelles activant au sein de plusieurs groupuscules armés dans le delta du Niger. Selon les chiffres officiels, ils seraient plus de 7 000 à avoir déposé les armes en contrepartie d'une aide financière et sociale dans le cadre de cette amnistie. Mais entre le discours officiel et la réalité du terrain, il existe une différence de taille. C'est ce qui explique en partie la décision du Mend de reprendre la lutte armée en procédant au sabotage des installations pétrolières de la région et à l'enlèvement des expatriés travaillant pour le compte des multinationales que la population accuse, entre autres, de dégrader l'environnement. Une résurgence des violences au cœur du secteur pétrolier risquerait d'embarrasser le chef de l'Etat, premier président nigérian originaire du delta du Niger et qui brigue un nouveau mandat lors des élections d'avril 2011. L. M.