Réuni mardi dernier pour examiner la situation au Sahara occidental après l'assaut militaire meurtrier du 8 novembre perpétré par le Maroc contre un camp près d'El Ayoun occupée, le Conseil de sécurité des Nations unies a «déploré la violence» qui a caractérisé cette action. Il a également appelé le Maroc et le Front Polisario à «faire preuve de plus de volonté politique pour trouver une solution» et exprimé son soutien à la Mission des Nations unies au Sahara occidental, la Minurso, et aux efforts de l'envoyé spécial de l'ONU, Christopher Ross. Le Conseil de sécurité a, à ce propos, convenu de tenir une «session spéciale» sur la situation dans ce territoire. Face à la gravité des événements ayant fait 21 morts selon le Polisario, des centaines de blessés et de disparus parmi la population sahraouie de ce camp, les membres du Conseil de sécurité se sont accordés sur le principe de l'envoi d'une mission d'enquête internationale dans les territoires occupés pour faire toute la lumière. Mais la France a opposé son veto, empêchant ainsi cette proposition de se concrétiser sur le terrain comme demandé par le Front Polisario qui en a introduit la requête auprès du Conseil de sécurité. Avant même de connaître l'écho de cette demande auprès de l'ONU, le Front Polisario a affirmé qu'il «allait poursuivre les négociations» même en cas de refus de sa proposition. Hier, le Front Polisario a toutefois regretté le «refus vigoureux» de la France à l'envoi «rapide» d'une mission d'enquête internationale au Sahara occidental. Dans un communiqué publié à Alger, le Polisario souligne avoir, néanmoins, «enregistré favorablement la décision du Conseil de sécurité de tenir une session spéciale» sur la situation au Sahara occidental après le démantèlement du campement de Gudeim Izik. Il note que le Conseil de sécurité a «reconnu que le personnel des Nations unies sur place avait été empêché par le gouvernement marocain de suivre les événements graves et connaître la vérité».Cela étant, «nous allons continuer, sans relâche, à demander la nécessité de l'envoi d'une mission d'enquête comme nous allons également continuer à demander l'introduction d'un mécanisme de protection des droits de l'Homme au sein de la Minurso, dont la mise en place s'avère de plus en plus impérieuse étant donné les développements des événements qui ont eu lieu au Sahara occidental», affirme un responsable sahraoui, Mohamed Boukhari. Le Conseil de sécurité ne s'est pas non plus exprimé sur l'extension du mandat de la Minurso pour veiller au respect des droits de l'Homme dans le territoire. «La Minurso est la seule mission de maintien de la paix actuelle de l'ONU dépourvue d'une composante sur les droits de l'Homme», a observé Philippe Bolopion, de Human Rights Watch. «Malgré les tentatives au cours des deux dernières années de plusieurs membres du Conseil de sécurité pour élargir le mandat de la Minurso, l'opposition constante du Maroc, soutenue tout spécialement par la France, a jusqu'ici fait échouer cette idée», dit-il. Mardi dernier, l'ambassadeur d'Ouganda auprès des Nations unies, dont le pays est l'un des trois pays africains membres du Conseil de sécurité, Ruhukana Ruganda, a décrit, quant à lui, «une situation grave» au Sahara occidental et a soutenu la demande du Polisario pour qu'une mission d'enquête indépendante ou émanant des Nations unies soit désignée sur les violences à Gudeim Izik. M. C. «Les Etats-Unis continuent à soutenir le processus de paix onusien» «Nous sommes préoccupés par les affrontements violents, et c'est pourquoi nous continuons à soutenir le processus de l'ONU» pour arriver à une solution sur la question du Sahara occidental, a indiqué mardi dernier, le porte-parole du Département d'Etat, Philipp Crowley, dans son briefing quotidien. Le porte-parole du département d'Etat a également fait savoir que les Etats-Unis «attendent avec impatience le rapport de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, et continuent à soutenir le processus de l'ONU». M. C.