Paris a réaffirmé mardi son soutien inconditionnel à Rabat, dans le conflit du Sahara occidental, en usant de son droit de veto pour empêcher la condamnation par le Conseil de sécurité de l'ONU de l'agression par les forces marocaines des civils sahraouis du camp de Gdem-Izik, le 8 novembre dernier, et l'envoi d'une mission d'enquête sur les lieux. Sans surprise, le Conseil de sécurité des Nations unies n'a pu aller au bout de sa mission mardi en traitant la violence qui a caractérisé les derniers événements qui s'étaient produits le 8 novembre 2010 dans le camp de Gdem-Izik, où s'étaient réfugiés plus de 25 000 Sahraouis pour protester contre l'occupation marocaine. La France est passée par-là. L'organe exécutif de l'ONU a tout juste déploré la violence dont ont usé les forces marocaines sans toutefois les condamner. Pis, la demande de l'envoi d'une mission d'enquête de l'ONU sur place a été refusée par la France, qui a usé de son droit de veto pour ce faire. Au cours de cette réunion, qui a duré plus de trois heures, deux rapports ont été présentés respectivement par l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, qui a fait une présentation sur les dernières étapes du processus des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, et par le Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU. Selon Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario à l'ONU le Département des opérations de maintien de la paix a clairement indiqué dans son rapport “aux membres du Conseil de sécurité que la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) a été empêchée par le Maroc de s'enquérir et de connaître les détails sur l'assaut militaire lancé par les forces marocaines contre les camps sahraouis et n'a pu, en conséquence, faire une présentation complète sur ces événements tragiques”. Suite à cette révélation, plusieurs membres du Conseil de sécurité ont soutenu la proposition d'envoyer une mission d'enquête sur place. “Cette proposition n'a pu aboutir en raison du refus de la France qui a été le seul membre du Conseil de sécurité à s'opposer, lors de cette réunion, à l'envoi de cette mission d'enquête”, a indiqué Boukhari, qui estime que “la France a peur de la vérité. Sinon comment justifier autrement son attitude”. S'exprimant lors de la réunion, le président de l'organe exécutif de l'ONU, Sir Mark Grant Lyall, a exprimé “le soutien du Conseil de sécurité à la Minurso et à la mission qui lui est dévolue, et a demandé aux deux parties au conflit (Front Polisario et Maroc) de rester engagés dans le processus des négociations sous l'égide de l'ONU”. Il a également déclaré à la presse, à l'issue de la réunion, que le Conseil de sécurité “déplorait la violence qui a eu lieu lors des événements de la semaine passée dans les camps sahraouis”. Le Front Polisario prend donc note des regrets exprimés par le Conseil de sécurité et considère que la tenue de cette réunion du Conseil signifiait que ce dernier avait “décidé d'étudier la situation vu la gravité de ces événements”, mais, “regrette que la proposition d'envoi d'une mission d'enquête n'eut pas été retenue pour le moment en raison de l'opposition de la France”, a déclaré Ahmed Boukhari. Il ajoutera que “nous allons continuer, sans relâche, à demander la nécessité de l'envoi d'une mission d'enquête comme nous allons également continuer à demander l'introduction d'un mécanisme de protection des droits de l'Homme au sein de la Minurso, dont la mise en place s'avère de plus en plus impérieuse étant donné les développements des événements qui ont eu lieu au Sahara occidental”. Il insistera sur le fait que “le soulèvement populaire historique du peuple sahraoui dans les territoires occupés contenait un message fort adressé à la communauté internationale pour accélérer le processus de décolonisation à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour que le peuple sahraoui choisisse librement son destin”.