Faire le bilan de la participation algérienne lors de ces jeux Olympiques de Pékin, qui doivent se clôturer aujourd'hui, est une tâche ardue. S'il y a des satisfactions au niveau de certaines disciplines –il est beaucoup plus question du judo bien évidemment– dans d'autres, par contre, c'est un véritable fiasco. Et ce n'est pas seulement les résultats des athlètes qui justifient cette déduction, mais aussi le comportement de certains responsables de fédérations ou les «polémiques» que ces derniers ont déclenché à partir de la capitale chinoise même. Ce qui en dit long sur la situation «chaotique» du sport, d'une manière générale, en Algérie. Même si le président du Comité olympique algérien, Mustapha Berraf, pour ne citer que celui-là, s'est refusé, auparavant, à s'avancer sur le terrain des pronostics, les uns et les autres s'attendaient à de meilleures performances de la part de certains athlètes ou de certaines disciplines. Et là, il s'agit principalement de l'athlétisme et de la boxe dont la majorité des sportifs ont déçu bon nombre d'observateurs. Bien sûr, il y a quelques rares satisfactions. Souad Aït Salem a terminé 9e au marathon. Manseur Nadjim et Nabil Madi ont réussi à arriver en finale du 800 m. Le judo sauve l'honneur Seule discipline à avoir tenu ses promesses, le judo algérien s'est distingué de la manière la plus forte durant ces Jeux. Deux médailles au total : une en bronze décrochée par Soraya Haddad et l'autre en argent pour Amar Benyekhlef. Donc, en somme, sur les dix judokas engagés, deux sont revenus avec des consécrations. Ce qui n'est pas mal en définitive. D'ailleurs, ce résultat est le fruit d'un travail sérieux entamé depuis plusieurs années déjà. Le judo algérien, faut-il le rappeler, domine, ces dernières années, la scène africaine et arabe. Quelques-uns de nos judokas arrivent même à se distinguer au niveau mondial. Pour dire que ces deux médailles ne sont pas un hasard. D'ailleurs, le tirage au sort n'a pas du tout été tendre avec les Algériens. Si Soraya Haddad avait perdu en demi-finale, pour empocher le bronze, c'est parce qu'elle avait en face un adversaire, en la Chinoise Xian Dongmei, des plus «redoutables». De plus, cette dernière était soutenue par son public venu nombreux. En d'autres circonstances, le résultat aurait peut-être été tout autre. En tout cas, quelle que soit l'issue de la partie, la performance réalisée par Soraya, tout comme celle de Benyekhlef, est à saluer. Si ces deux athlètes ont pu s'imposer c'est que, entre autres, il y avait un travail derrière. La Fédération algérienne de judo, présidée par Mohamed Meridja, est l'une des instances sportives les plus stables. Une stabilité qui se répercute par le maintien, pendant ces dernières années, de la majorité des membres des staffs techniques. La boxe au creux de la vague La boxe algérienne n'a pas été au rendez-vous, lors de ces JO, comme ce fut le cas pour le judo. Il est vrai que pour quelques-uns, à l'exemple d'Abdelhafid Benchebla qui s'est fait battre en quart de finale à cause notamment d'un arbitrage «tendancieux», il aurait suffi d'un détail pour passer au tour suivant et monter sur le podium mais, dans la majorité des cas, nos boxeurs sont sortis de la course fort logiquement. Il y avait une différence flagrante de niveau. Pour rappel, l'Algérie est partie à Pékin avec sept boxeurs (normalement huit mais Oussaci Choaïb [64 - 69 kg] a déclaré forfait juste avant le début des Jeux). Trois d'entre eux n'avaient pas pu passer le cap du premier tour. Il s'agit de Hamza Kramou (60 kg), d'Abdelhalim Ouradi (54 kg) et d'Abdelaziz Touilbini (-91 kg). Par contre, Nabil Kassel (75 kg), exempt du premier tour, a été éliminé aux points (21-14) par l'Irlandais Sutherland Darren John, en match comptant pour les huitièmes de finale. Le pugiliste algérien qui a résisté durant les trois premiers rounds, s'est écroulé lors du 4e et dernier round en subissant un sec (7-1). Donc, trois boxeurs seulement sont arrivés en quart de finale, à savoir Abdelkader Chadi (57 kg), Noufel Ouattah (+91 kg) et Abdelhafid Benchebla (-81 kg). Gagner à ce stade de la compétition veut dire qu'on vient de s'assurer une médaille (en boxe tous ceux qui arriveront en demi-finale décrocheront une médaille puisqu'il y en a une en or, une en argent et deux en bronze en jeu). Mais, malheureusement nos trois boxeurs se sont fait battre tous en quart de finale. Newfel Ouattah (+91 kg), a perdu devant l'Ukrainien Vyaschlev Glazkov (10-4). Agé de 23 ans, ce jeune boxeur au potentiel avéré a eu d'énormes difficultés à s'imposer devant le vice-champion du monde 2007, qui a pratiquement dominé les quatre rounds remportés comme suit : (2-1, 4-1, 3-2, 1-0). Abdelkader Chadi (57 kg) a été, quant à lui, éliminé par le Turc Kilic Yakup aux points (6-13). L'Algérien n'a qu'en de rares moments pu inquiéter le Turc, impérial, et dont l'avertissement (-2 points) n'a pu être exploité par l'Algérien inefficace. Le seul de ces trois qui a résisté un peu en ces quarts de finale est Abdelhafid Benchebla (-81 kg), qui a été battu par le Chinois Zhang Xiaoping (12-7). Devant son public, ce dernier a également profité de la «largesse» de l'arbitrage qui n'était pas un exemple d'impartialité. Finalement, aucun Algérien n'est passé aux demi-finales et la boxe algérienne revient au bercail bredouille. Et ce n'est sûrement pas faute de potentiel puisque nos pugilistes ont prouvé qu'ils avaient du talent pour peu que les moyens, la planification, la bonne préparation et le sérieux dans le travail soient au rendez-vous. Seulement, voilà. Les problèmes internes de la Fédération algérienne de boxe ont refait surface à Pékin même. Un président de fédération qui «limoge», à partir du village olympique chinois, son DTN qui, lui, se trouve à Alger parce que la fédération ne l'a pas autorisé à être au côté de ses boxeurs…A n'y rien comprendre. L'athlétisme, vivre dans le passé… C'est devenu une habitude. A chaque fois, les Algériens se disent que les successeurs de Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli sont là. Mais dès que nos athlètes prennent part à des rendez-vous majeurs, c'est la désillusion. Pourtant, les Zerguelaine, Boukenza, et autres Aït Salem ne manquent pas de volonté et de potentiel. Le problème se situe donc forcément ailleurs. Cette fois encore, la délégation d'athlétisme était la plus grosse avec pas moins de 14 éléments, dont la majorité ont des chronos très intéressants dans leurs épreuves respectives. Si l'on enlève les épreuves du marathon (Souad Aït Salem, 9e) et du 20 km marche (Mohamed Ameur, 48e) où les athlètes prennent part directement à la finale, il n'y a qu'Antar Zerguelaine et Tarek Boukenza, dans le 1 500 m, et Manseur Nadjim et Nabil Madi, dans le 800 m, qui ont réussi à passer le cap du premier tour. D'ailleurs, ces deux derniers ont créé la surprise en arrivant, tous deux, en finale de leur épreuve, contrairement à Boukenza et Zerguelaine qui ont raté le coche en demi-finale. Tous les autres, à savoir Baya Rahouli, Kamel Boulahfane, Nahida Touhami, Rabie Makhloufi, Saïdi-Sief Ali et Widad Mendil se sont fait éliminer au premier tour. Par contre, Issam Nima a déclaré forfait pour blessure et Khoudir Aggoune n'a pas accepté de concourir le 10 000 m. Et c'est à propos de ce dernier cas qu'une véritable polémique a éclaté. Aggoune n'a pas accepté le fait que les responsables de la Fédération algérienne d'athlétisme aient décidé de l'aligner sur le 10 000 m et non le 5 000 m comme prévu auparavant. C'est Saïdi-Sief Ali qui a participé à cette dernière épreuve avec le résultat que l'on sait. S'en est suivie donc une véritable guerre de déclarations. En tout cas, quel que soit celui qui a raison, cette affaire n'honore nullement le sport algérien. Elle n'a fait que montrer le désarroi dans lequel se retrouve l'athlétisme. Seulement, malgré tous ces problèmes, il faut dire que quelques athlètes ont prouvé qu'ils peuvent faire des miracles. Les performances de Souad Aït Salem (9e au marathon) ainsi que celles de Manseur Nadjim et Nabil Madi, qui sont arrivés à la finale du 800 m sont de superbes réalisations. Il faut seulement que ces sportifs soit sérieusement épaulés. En dernier lieu, pour ce qui est des autres disciplines, il faut dire que les choses étaient claires à l'avance. En natation, par exemple, le niveau était tellement élevé que nos nageurs ne pouvaient faire grand-chose. A. A.
