Les dirigeants malgaches en conflit devraient conclure dans les prochaines heures un accord partiel sur la mise en place d'un gouvernement de transition, mais on ignore encore si la question cruciale de la présidence a été réglée, déclare le principal médiateur. Mercredi soir, l'ancien président de "l'île rouge" Marc Ravalomanana avait refusé de voir nommer son rival Andry Rajoelina à la présidence du futur gouvernement, avec pour tâche de sortir le pays d'une crise politique de plusieurs mois. Rajoelina, qui a renversé Ravalomanana en mars dernier après des semaines de violentes manifestations de rue, exige la fonction suprême dans un pays auquel s'intéressent de plus en plus les entreprises étrangères en raison de ses ressources en pétrole, en bauxite, en nickel, en cobalt, en or et en uranium. "Il y aura un accord aujourd'hui. Cela ne résoudra peut-être pas tous les problèmes, mais il y aura un accord", a estimé le médiateur Joachim Chissano, ancien président du Mozambique. Blocs régionaux et puissances étrangères - notamment les Etats-Unis et l'Union européenne - ont condamné l'accession au pouvoir de l'ancien disc-jockey de 35 ans. Des donateurs de première importance ont suspendu leur aide à la Grande Île. On ignore pour le moment si les commentaires de Joachim Chissano témoignent d'un assouplissement des positions de l'un ou l'autre des deux rivaux. Dans un communiqué publié mercredi soir, le camp de Ravalomanana excluait catégoriquement d'approuver la nomination de Rajoelina. "Le mouvement Ravalomanana n'oubliera jamais le respect du droit de vote des citoyens", disait le communiqué. "Par conséquent, il n'acceptera jamais de légitimer l'auteur d'un changement anticonstitutionnel en le nommant à la présidence." Le communiqué ajoutait que la nomination d'Andry Rajoelina à la tête de l'Etat constituerait un affront aux Malgaches qui avaient élu Marc Ravalomanana par la voie des urnes. Dans le jeu de poker politique qui a précédé les pourparlers de cette semaine - baptisés "Maputo II" -, Andry Rajoelina s'est présenté comme seul capable de diriger un gouvernement de consensus. Les médiateurs font savoir que les discussions prendront fin jeudi soir, quelle qu'en soit l'issue. "La journée d'aujourd'hui sera la dernière. S'ils quittent ces lieux (sans accord), ils devront essayer de nouvelles idées la prochaine fois et accélérer le processus", a dit Chissano. Outre Ravalomanana et Rajoelina, les pourparlers de Maputo réunissent, sous l'égide du Mozambique et de la Communauté des Etats d'Afrique australe (SADC), les anciens présidents malgaches Didier Ratsiraka et Albert Zafy. Ils sont censés permettre de désigner, dans les trente jours suivant un accord conclu le 9 août, un président, un Premier ministre, trois vice-Premiers ministres et les 28 ministres du futur gouvernement, et de jeter les bases d'un scrutin présidentiel 15 mois au maximum après conclusion d'un accord. Aux termes de l'accord du 9 août conclu à Maputo, les membres du futur gouvernement, hormis le président, ne pourront pas être candidats à la présidentielle. Ravalomanana accepte aussi de n'avoir aucun rôle dans le gouvernement de transition. L'accord annule des poursuites intentées contre Marc Ravalomanana pour abus de pouvoir, ce qui ouvre la voie à son retour à Madagascar après cinq mois d'exil en Afrique du Sud. N.C