Le président équatorien, Rafael Correa, a dit avoir échappé à une “tentative de coup d'Etat” après une opération militaire spectaculaire pour le sortir d'un hôpital, où il s'était réfugié pour échapper à des policiers mutins mécontents de la suppression de primes. L'opération des militaires loyalistes contre les policiers a fait 2 morts et 37 blessés, selon la Croix-Rouge qui avait annoncé auparavant 50 autres blessés lors de heurts entre policiers mutins et partisans du président. Au terme d'une journée de crise sans précédent depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2007, le dirigeant socialiste de 47 ans a fini par quitter l'établissement sous forte escorte militaire, au milieu d'intenses échanges de tirs entre soldats fidèles au régime et policiers mutins. Dans la matinée, les policiers rebelles avaient occupé le congrès et des commissariats à Quito, Guayaquil (sud-ouest) et Cuenca (sud). De leur côté, 150 militaires mutins avaient bloqué l'aéroport international de Quito. Le chef de l'Etat a estimé que l'action des forces loyalistes lui avait sauvé la vie : “Sans cela, cette horde de sauvages qui voulaient tuer, qui voulaient du sang, seraient entrés à l'hôpital pour chercher le président et je ne serais probablement pas là en train de vous raconter cela, car je serais déjà passé dans un autre monde.” Correa, allié du président vénézuélien Hugo Chavez, s'était réfugié dans l'hôpital après l'explosion d'une grenade lacrymogène lancée par des mutins près de lui. Les Etats-Unis ont exprimé leur “soutien total” au président et l'UE a apporté son appui aux “institutions démocratiquement élues”. Ce fut “l'un des jours les plus tristes de ma vie”, a lancé le chef de l'Etat. “L'histoire jugera”, a-t-il ajouté, alors que la justice a déjà annoncé de lourdes sanctions contre les mutins. Correa a notamment désigné Lucio Gutierrez, ancien putschiste élu président puis renversé en 2005, comme l'un des responsables de cette “tentative de coup d'Etat menée par l'opposition et certains secteurs des forces armées et de la police”. Gutierrez a “rejeté les accusations lâches, fausses et téméraires du président Correa” sur la chaîne internationale CNN en espagnol. Le chef de la police, le général Freddy Martinez, a présenté sa démission, bien qu'il ait tenté de dissuader policiers et militaires de protester contre l'approbation mercredi soir d'une loi supprimant certaines de leurs primes d'ancienneté. Le président a écarté tout dialogue dans ces conditions. “Si vous voulez tuer le président, il est là, tuez-le si vous en avez envie !”, a-t-il même lancé, en allant défier les mutins dans la caserne principale de Quito. Correa, réélu en avril 2009 dès le premier tour après avoir multiplié les programmes sociaux dans ce pays où 38% de la population vit sous le seuil de pauvreté, a vu sa popularité s'effriter ses derniers mois.