Le commerce informel s'est tellement propagé qu'il est désormais difficile de le combattre, même si quelques initiatives ont été prises dans ce sens ces dernières années par les autorités locales. Si certaines communes de la wilaya d'Alger arrivent quand même à y faire face, d'autres, en revanche, donnent l'air de ne pouvoir rien faire. A -Aïn Benian, 16 km à l'ouest d'Alger, le phénomène est encore plus persistant. Sur la ruelle divisant le marché principal en deux, il existe quelques dizaines d'étals «illicites». Certains sont même assez bien aménagés. Celui qui ne connaît pas la région dira certainement que c'est ce qu'il y a de plus légal, alors que la totalité de ces étals sont informels. Leurs propriétaires ont «squattés» les lieux il y a déjà quelques années et, depuis, rien ne les fait bouger. Ils sont là et font partie intégrante du marché. «C'est anormal. Eux, ils ne payent aucune taxe, ni location, ni facture électrique et pourtant ils ne sont jamais inquiétés. En plus de ça, ils travaillent mieux que nous puisqu'ils sont situés sur l'artère principale du marché. C'est normal donc qu'ils vendent moins cher que nous», a déclaré un commerçant «légal» de ce marché. «Si j'avais le choix, j'aurais opté sans hésiter pour un pareil lieu. C'est beaucoup plus lucratif», ajoutera-t-il. Il est vrai que cette ruelle est très fréquentée. Il n'y a pas un consommateur qui ne l'emprunte pas. Mais ce qui «révolte» le plus ces commerçants légaux, c'est le fait que, depuis un moment, ils entendent parler de «transactions de location» : «On s'est rendu compte que des étals illégaux sont loués à des prix faramineux parfois. On ne comprend plus rien.» Evidemment, il serait difficile pour qui que ce soit de vérifier cela. Il est clair qu'un vendeur «informel» qui «squatte» un lieu illégalement ne dira jamais qu'il le loue. Mais, généralement, il n'y a pas de fumée sans feu. De toute façon, le «processus» est illégal. Une situation qui dure au niveau du marché de Aïn Benian, depuis des années déjà. Il y a quelque temps, le phénomène était encore plus grave. Juste à côté du marché, plusieurs vendeurs à la sauvette avaient investi le boulevard où se trouve la grande mosquée de la ville. Il a fallu que les commerçants du marché se mobilisent et entament une grève pour que les autorités interviennent et évacuent les lieux. «C'était devenu insoutenable. On en était arrivé à un point où peu de consommateurs accédaient à l'intérieur du marché tellement ils trouvaient tout à l'extérieur», nous a signalé l'un des commerçants. Mais le problème persiste avec cette ruelle qui se trouve au milieu du marché. Il y a quelques mois, des étals ont été octroyés par l'APC à des jeunes dans deux nouveaux marchés de proximité de la ville, lesquels ouvriraient leurs portes prochainement. Les uns et les autres espèrent qu'à partir de là le problème sera définitivement réglé. En attendant, ils doivent faire avec... A. A.