Les commerçants d'Alger voient leur existence menacée par la prolifération des marchés informels, qui ont pris, ces dernières années, des proportions alarmantes. Le taux de participation des commerçants d'Alger à la grève déclenchée les 6 et 7 septembre derniers varie, selon M. Mokhtar Richane, secrétaire général de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) entre 80 et 85% et a dépassé dans 10 communes de la capitale, telles que Alger-Centre, Bab El-Oued et Sidi M'hamed, le seuil des 85%. Ce responsable a estimé que “cette grève est réussie, car le taux de suivi a dépassé 85% sur l'ensemble de la wilaya d'Alger”. Néanmoins, les principales revendications formulées par l'Ugcaa, en l'occurrence la suppression des marchés informels et l'effacement des dettes fiscales des commerçants touchés par le terrorisme demeurent encore insatisfaites, dira M. Richane. Ce responsable précisera, toutefois, que “la question des marchés informels reste la raison principale de cette grève et le point essentiel de notre plate-forme de revendications”. Il soulignera que le nombre des marchés informels est passé de 132 en 2002 à environ 260 recensés au niveau de la wilaya d'Alger. Ces commerçants échappent, précise-t-il, au fisc, ne payent pas leurs cotisations sociales et exercent une forte concurrence déloyale sur les commerçants en situation régulière. Du coup, parce qu'ils ont subi la décennie noire du terrorisme, ces commerçants réguliers se disent incapables d'acquitter leurs charges fiscales et parafiscales. Les dettes de ces commerçants se situent entre 20 et 200 millions de centimes, soutiendra-t-il. Le secrétaire général de l'Ugcaa a affirmé qu'il a saisi toutes les autorités concernées par la lutte contre les marchés informels, soit les présidents d'APC, les walis-délégués, le wali d'Alger et le ministre du Commerce, mais, aucune partie n'a daigné apporter une réponse à ses doléances. Il a souligné que “le ministre du Commerce a fait part de la disponibilité de ses services pour contribuer à travers la mise en place d'un groupe de travail conjoint afin d'examiner les questions soulevées par l'Ugcaa”, tout en affirmant dans la foulée qu'“on ne peut pas régler le problème du marché informel parce qu'il y a d'autres ministres qui sont impliqués”. Il relève que “l'anarchie régnant au niveau des APC a contribué largement à la prolifération des marchés informels dans la wilaya d'Alger”. À titre comparatif, il révélera que “le nombre des marchés réguliers est estimé à 68 alors que les marchés informels ont atteint 250 dans la wilaya d'Alger”. Il invitera les pouvoirs publics à ouvrir le dialogue autour de cette question et proposera aux communes “de multiplier les marchés organisés et réguliers pour embaucher les jeunes chômeurs et endiguer l'effet de l'informel”. Le secrétaire général de l'Ugcaa n'a pas écarté l'éventualité du recours à une grève nationale pour faire aboutir leurs revendications, si les pouvoirs publics continuent à observer un mutisme total devant la prolifération des marchés informels. La réunion du conseil de wilaya de l'Ugcaa devra déterminer la forme de protestation à adopter et la démarche à suivre pour faire aboutir leurs doléances. F. M.