Photo : S. Zoheïr De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Aucune des 29 communes que compte la wilaya d'Oran n'échappe au commerce informel dont les acteurs embrassent désormais tous les secteurs d'activité et travaillent au vu et au su de tout le monde, y compris des autorités locales. Malgré les timides offensives (au premier semestre de cette année, une marchandise de 700 millions de centimes a été saisie), le marché informel prend de l'ampleur chaque jour, et continue d'étouffer les commerces légaux déjà au bord de la dépression. «Plusieurs raisons président à cet état de fait, avait expliqué il y a quelques temps un économiste, enseignant à l'université d'Oran : l'impuissance de l'Etat à juguler le secteur informel, l'absence d'une politique économique cohérente qui tienne compte de la réalité algérienne et la grave déliquescence du pouvoir d'achat.» Soit des facteurs qui dépassent de très loin les compétences et les capacités dérisoires d'une direction du commerce impuissante à faire face à un phénomène de dimension nationale. Et ce qui n'arrange rien, le pouvoir d'achat est tel que la population affectionne ces produits abordables. «Entre la rentrée scolaire, le mois de Ramadhan et les dépenses de l'Aïd, je ne peux que louer les trabendistes de M'dina J'dida et des autres marchés. Heureusement qu'ils existent, autrement, je ne sais pas comment j'aurais fait. Tahya trabendo !» se félicite un habitué du marché de M'dina J'dida. «On aura beau le critiquer, le secteur de l'informel n'en constitue pas moins notre dernier recours», insiste-t-il en rappelant que, pendant que les prix des produits de consommation enregistrent des augmentations régulières, les revenus ne bougent pas. «Même si des petites hausses de salaires ont été opérées. Elles restent inefficaces et la grande majorité de la population continuera de solliciter le marché informel salvateur.» Propos que conforte chaque jour l'importante fréquentation des marchés de M'dina J'dida, El Hamri, Gambetta et des dizaines d'autres de la capitale de l'Ouest. Dans une tentative pour «résorber» le phénomène du commerce informel, la direction du commerce d'Oran a émis cette idée de réhabiliter un certain nombre de marchés couverts de fruits et légumes et de créer plusieurs marchés de proximité (dont cinq seraient en cours de réalisation, selon des sources de la direction) afin d'absorber les commerçants illicites. Le dossier de la réhabilitation de ces marchés couverts -qui entre dans le cadre de la politique du ministère de tutelle- a été confié à des bureaux d'études dont l'expertise est attendue dans les prochains mois. Il reste que la pratique du commerce informel est désormais entrée dans les mœurs et qu'il sera difficile de l'extirper du quotidien des Oranais. «A moins que la crise financière qui secoue le monde, et qui a déjà provoqué la baisse du prix du pétrole, n'oblige les différents marchés mondiaux à revoir leurs prix, et la facture des importations algériennes à baisser», suppute-on ici et là.