Ils demandent l'intervention immédiate des hautes autorités de l'Etat. L'association de la protection des pratiques commerciales (Appc) accorde un délai jusqu'au 20 septembre aux autorités compétentes pour assainir la situation peu reluisante qui prévaut dans le créneau. Passée cette date limite, les membres de cette organisation menacent de recourir à des moyens plus forts afin que leurs revendications soient satisfaites. Ils demandent l'annulation, voire l'interdiction, des marchands ambulants. Certains parmi ces derniers, déplore le président de l'Appc, disposent de locaux commerciaux mais persistent pourtant à exercer sur les trottoirs. D'autres possèdent également des tables dans des marchés et activent en parallèle dans les rues. “Si le ministre du commerce n'arrive pas à régler ce problème, qu'il démissionne de son poste”, déclare le président de l'association au cours d'une conférence de presse qu'il a animée, hier, à Bab El-Oued. Sollicités pour résoudre cette problématique, les autorités locales avancent l'argument de la résorption du chômage qui a atteint de larges franges de la jeunesse. Mais le hic, dénonce le président de l'Appc, c'est que les marchands ambulants qui s'installent dans la commune de Bab El-Oued, pour ne citer que cet exemple, viennent pour la plupart des municipalités limitrophes, voire des autres wilayas. “D'ici au 20 septembre, si ces commerçants informels ne sont pas interdits d'activité définitivement, nous deviendrons tous des marchands ambulants et ne paierons plus d'impôts”, menace le premier responsable de cette organisation. Il est vrai que ce problème affecte énormément les commerçants qui exercent dans la légalité. Ils sont plus de 12 000 recensés à travers tout le territoire national. Rien qu'à la place des Martyrs, 500 marchands ambulants sont enregistrés quotidiennement. “Ils sont alimentés par des gens qui les soutiennent constamment”, révélera le président de l'Appc. Il dénonce aussi les bénéficiaires de locaux au centre commercial de Saïd-Touati (ex-Triolet), qu'ils n'ont pas ouverts depuis trois ans. Sur une liste de 285, avoue-t-il, seuls 124 ont ouvert. Il n'écarte pas l'idée de lancer un mouvement de protestation à ce sujet vers la fin du mois en cours si les autorités locales ne daignent pas trouver une solution adéquate. Les commerçants des 38 communes ont, dans un passé récent, dénoncé l'anarchie qui caractérise leur activité. Ils ont clairement affiché leur mécontentement quant à la concurrence déloyale engendrée par les marchés informels. “Le secteur informel a complètement brisé le commerçant. Certains détaillants exerçant rue Larbi-Ben-M'hidi, pour ne citer que ceux-là, n'arrivent même pas à payer leur loyer”, avait déclaré un des commerçants. Il a indiqué que plus de 245 marchés informels sont déclarés dans la capitale. Ceux qui sont considérés comme officiels ne dépassent pas, en revanche, le nombre de soixante-trois. Ce sont, dans leur majorité, avoue notre interlocuteur, des vendeurs à la sauvette qui, par conséquent, ne paient ni le fisc ni la Casnos. Les commerçants ont à plusieurs reprises attiré l'attention des responsables concernés sur cet épineux problème. Mais aucune suite ne leur a été donnée. Le conférencier demande, en outre, l'effacement des dettes fiscales. Selon certaines indiscrétions, ces dettes toucheraient près de 80% de la corporation. Le centre national du registre du commerce (Cnrc) a exigé, pour leur radiation, la mise à jour de leur situation par rapport à la Casnos et la délivrance d'un extrait de rôle apuré. Offusqués, ils avaient exigé, eux aussi, l'annulation pure et simple de ces deux conditions. La Direction générale des impôts (DGI), soulignent-ils, surévaluait leur chiffre d'affaires qui ne cesse de baisser. Que la DGI se réfère, précise-t-on, aux déclarations sur le chiffre d'affaires effectuées par les commerçants. Face à cette problématique, le gouvernement n'a pas quitté le stade des promesses. La lutte contre le marché informel et la fraude, M. Boukrouh, ministre du commerce, la veut “beaucoup plus pédagogique”. Autrement dit, le ministère accordera plus d'avantages et de facilités, notamment pour l'obtention du registre du commerce afin de rendre possible la réinsertion de l'opérateur indélicat dans le marché formel. “Moins de répression et plus d'incitation”, tel est, dans ce sens, le credo du ministre. Les commerçants demandent aux autorités de se pencher sérieusement sur leurs problèmes qui entravent le bon exercice de leur métier. B. K.