Les fuites de WikiLeaks ont provoqué l'embarras de Washington et continuent à susciter des interrogations de tout acabit. WikiLeaks et ceux qui disséminent ces informations «sont des criminels», a dénoncé Robert Gibbs, porte-parole de la présidence américaine. Ces fuites constituent «de graves violations de la loi et une menace grave pour ceux qui mènent et aident notre politique étrangère», estime le responsable américain. De son côté, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a évoqué une «attaque contre la communauté internationale». La Chine souligne que les fuites de WikiLeaks «ne perturberaient pas les relations sino-américaines». Certains des câbles diplomatiques mettent en cause Pékin, notamment son implication présumée dans le transfert d'éléments de missiles nord-coréens à l'Iran qui auraient transité par son territoire. Un télégramme datant de 2007 ajoute que ces livraisons contreviennent aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Iran et sur la Corée du Nord, ainsi qu'aux règles que la Chine s'est elle-même fixées en matière de contrôle des exportations sensibles. Un autre document relate les propos du vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Chun Yung-woo, qui aurait dit notamment que les Chinois ne considèrent plus la Corée du Nord «comme un allié utile ou fiable» et que le régime nord-coréen «s'est déjà effondré économiquement» et allait «s'effondrer politiquement» deux ou trois ans après la mort de son leader, Kim Jong-il. L'Iran a appelé, pour sa part, les pays à traiter par le mépris les révélations et à «ne pas tomber dans le piège» de WikiLeaks qui visent à «semer la discorde» au sein du monde musulman. Ces révélations s'inscrivent dans le cadre d'un «complot douteux» des Etats-Unis. «Les ennemis du monde islamique continuent à semer l'iranophobie et la discorde», a-t-il estimé. «Mais leur projet ne vise qu'à protéger les intérêts du régime sioniste et de ses partisans», estiment les Iraniens peu étonnés de découvrir ce que pensent d'eux certains dirigeants arabes. Les documents de WikiLeaks publiés par plusieurs médias porteurs ont jeté une lumière crue sur les coulisses de la diplomatie américaine. On y apprend pêle-mêle que le roi Abdallah d'Arabie saoudite s'est prononcé auprès de Washington pour une attaque contre l'Iran ou que la Russie serait un «Etat mafieux virtuel». La France déplore une divulgation «délibérée et irresponsable». L'Italie dit craindre un «11 septembre de la diplomatie mondiale». Pour les Allemands, il s'agirait de simple «ragots» qui ne sauraient porter atteinte à leurs relations avec Washington. Même topo en Afghanistan dont le président Hamid Karzai est décrit comme «faible» et son frère comme «un baron de la drogue corrompu». M. B.