L'administration Obama avait annoncé dès mercredi que ses services diplomatiques avaient entrepris de préparer des gouvernements étrangers à la publication prochaine de documents secrets susceptibles de créer des «tensions». Des gouvernements du monde entier se préparaient en ce début de week-end à de nouvelles révélations par WikiLeaks, sous la forme d'un tourbillon de câbles diplomatiques américains potentiellement embarrassants pour les Etats-Unis et leurs partenaires. L'administra-tion Obama avait annoncé dès mercredi que ses services diplomatiques avaient entrepris de préparer des gouvernements étrangers à la publication prochaine de documents secrets susceptibles de créer des «tensions» avec eux. Dans un entretien sur CNN qui devait être diffusé aujourd'hui, le chef d'état-major interarmes américain, l'amiral Michael Mullen, a estimé que les agissements de WikiLeaks étaient «extrêmement dangereux», notamment pour la sécurité des soldats américains, appelant les responsables du site à renoncer à ces révélations. «WikiLeaks est un obstacle absolu à ma fonction, qui est de pouvoir discuter en confiance avec les gens. La divulgation de ces documents ne va pas aider, cela va simplement entraver notre tache» a déclaré l'ambassadeur des Etats-Unis à Baghdad, James Jeffrey. De son côté, le porte-parole du département d'Etat Philip Crowley a déclaré que les Etats-Unis se préparaient au «pire scénario». Le département d'Etat avait indiqué vendredi s'attendre à la publication de documents diplomatiques concernant «un large éventail de dossiers et de pays». Le porte-parole a spécifié que parmi les pays contactés par la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, figuraient l'Allemagne, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Afghanistan. La diplomatie en Australie (pays d'où est originaire Julian Assange, fondateur de WikiLeaks) a elle aussi estimé que la «divulgation imprudente, à large échelle, de documents secrets par WikiLeaks pourrait mettre en danger des personnes identifiées nommément dans ces documents et nuire aux intérêts sécuritaires des Etats-Unis et de ses partenaires». A Moscou, le quotidien Kommersant a affirmé que les fuites comportaient des appréciations «désagréables» qui pourraient blesser Moscou. Ces révélations «peuvent provoquer une brouille entre les Etats-Unis et la Russie», tout comme avec la moitié des pays de la planète, écrit-il. Et le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a qualifié les documents «de petits voleurs courant sur l'Internet», selon ses propos rapportés par l'agence Interfax. Le site spécialisé dans la révélation de documents confidentiels a promis de mettre en ligne sept fois plus de documents confidentiels que les 400.000 récemment publiés sur la guerre en Irak. WikiLeaks n'a précisé ni la nature des documents ni la date exacte de publication. Mais les responsables américains s'attendent à une diffusion «cette fin de semaine ou en début de semaine prochaine», selon un porte-parole du Pentagone, le colonel Dave Lapan. Les premières fuites de WikiLeaks, en juillet sur l'Afghanistan, contenaient peu d'importantes révélations, et celles émanant d'Irak se concentraient en majorité sur des exactions commises entre différentes factions irakiennes. Washington pourrait être plus embarrassé par la divulgation de documents rédigés par ses diplomates, en particulier s'ils mettent en cause des partenaires étrangers des Etats-Unis. Selon le ministère finlandais des Affaires étrangères, l'ambassade américaine dans ce pays pense que cette publication allait être «la plus grave». Selon un haut responsable israélien, Israël, dont Washington est le plus important allié, a été informé que ces fuites de câbles diplomatiques pourraient porter sur des rapports confidentiels adressés par l'ambassade américaine à des responsables israéliens. A Ankara, un diplomate turc de haut rang a indiqué que la Turquie avait également été mise au courant. Selon des informations de presse, les nouvelles révélations porteraient notamment sur une aide de la Turquie aux militants d'Al Qaîda en Irak et un soutien des Etats-Unis (contre la Turquie) aux rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), réfugiés en Irak.