Acheter du chocolat ou encore du fromage auprès de jeunes vendeurs qui exposent sur des cartons à même le sol semble, à première vue, inconcevable. Pourtant, dans l'Algérie de 2008, c'est un geste tout à fait naturel. Le consommateur n'y réfléchit pas à deux fois pour s'arrêter devant les vendeurs de l'informel et s'approvisionner. La raison semble à première vue évidente : le prix abordable auquel est proposé le produit. Devant un pouvoir d'achat en net affaiblissement, les Algériens n'hésitent pas naturellement à aller à la recherche de l'emplette la moins coûteuse sans se soucier de l'hygiène ou encore du non-respect de la chaîne du froid. Mais ce n'est pas l'unique raison. La prolifération des marchés informels dans le pays a fait que s'y approvisionner est entré dans les mœurs. Surtout que ces derniers sont généralement implantés à proximité des marchés formels. Il suffit donc au consommateur de faire un tour au marché couvert et, à sa sortie, il a l'embarras du choix pour les mêmes produits à un prix moindre. Et malgré les mésaventures d'intoxication qui, quelquefois, sont fatales, l'Algérien continue de penser à sa bourse avant sa santé. Il y a quelque temps d'ailleurs, la vente de barquettes de chocolat contaminé, à un prix très bas pour faciliter l'écoulement, n'a pas été sans conséquences pour le consommateur. Selon certains responsables du ministère du Commerce, l'afflux des citoyens sur les produits du marché informel renforce la prolifération de ce commerce. Comment y faire face sachant que la neutralisation du commerce informel s'impose comme une étape nécessaire pour la maîtrise de l'économie nationale ? Depuis des années et face à l'ampleur prise par le phénomène, les autorités ont pris différentes mesures pour rétablir l'activité commerciale légale dans toute sa diversité. Une campagne sans merci est menée contre tous ceux qui activent dans ce créneau mais reste inefficace. Car tant que la demande existe, l'offre ne disparaîtra pas. La population se soucie très peu de la qualité de la marchandise mise en vente. A El Hamiz, El Djorf de Bab Ezzouar ou encore à la place des Martyrs, tout se vend et tout s'achète, sans la moindre facturation. Aucune règle commerciale n'est à citer en ces lieux. Il est clair, aujourd'hui, que la lutte contre ce phénomène ne peut se faire avec les agents de contrôle, si nombreux soient-ils. Face à l'inconscience des consommateurs, il faut peut-être penser à une régularisation de ceux qui s'adonnent à cette activité et veiller, par la suite, au respect des règles et des lois. Dans tous les cas, une solution idoine doit vite être trouvée car le marché informel constitue un danger. Premièrement, d'un point de vue économique, puisqu'il s'agit d'une activité qui ne renfloue pas les caisses de l'Etat (pas d'impôts) et qui exerce une concurrence déloyale sur une activité déclarée. En second lieu, l'informel lié aux produits de large consommation représente un vrai danger pour la santé des citoyens. H. Y.