Photo : S. Zoheir Par Hassan Gherab «Musée : établissement dans lequel sont rassemblées et classées des collections d'objets présentant un intérêt historique, technique, scientifique, artistique, en vue de leur conservation et de leur présentation au public.» C'est la définition que le dictionnaire donne de cette institution et qui, en quelques mots, résume en fait la mission de cet établissement. Pourtant, dans l'imaginaire collectif, le musée est perçu comme un endroit où sont entreposées des «vieilleries» qui ne peuvent intéresser que les spécialistes et une poignée d'initiés. Cette image, dévalorisante, a valu à l'institution muséale la désaffection du public. Rares sont les personnes qui penseraient à aller visiter un musée, sauf si ce dernier est de renommée mondiale.Les directeurs de musée ayant compris le défi qu'ils devaient relever ont entrepris de redorer le blason de leur établissement en s'efforçant de lui donner, si ce n'est une dimension mondiale, au moins nationale, qui le réconcilierait avec le public.Mais l'entreprise s'apparente à du «donquichottisme». Sauf que, si Don Quichotte avait l'illusion de l'ennemi dans les moulins à vent, les responsables de musée n'ont rien en face d'eux. Ils doivent livrer bataille contre ce vide qui entoure leur institution. Leurs ennemis sont l'ignorance, l'inculturation, la déculturation et l'acculturation. Les écoles ayant, pour l'écrasante majorité, exclu les sorties pédagogiques qui permettaient à leurs élèves de découvrir différents secteurs d'activités extra-scolaires et incluaient dans leurs programmes les visites de musées, de sites patrimoniaux, d'usines, d'exploitations agricoles… les musées s'y sont adaptés et ont adopté une nouvelle stratégie : l'activité extra-muros. Pour ce faire, ils ont conçu des valises muséales qui leur permettent d'aller dans les écoles au-devant des élèves, au lieu d'attendre vainement qu'ils viennent. Avec cette valise muséale, qui donne un aperçu des richesses du musée, les responsables visent à éveiller l'intérêt des enfants et à en faire de futurs visiteurs.Mais «accrocher» les enfants ne suffit pas toujours. Il faut aussi convaincre les parents, ce qui est plus difficile. En l'absence d'un canal de promotion, d'un vecteur d'information qui donnerait une image avenante de l'institution muséale, le seul argument reste le prix du billet d'accès au musée. Or, ce dernier est déjà insignifiant, symbolique, et les visiteurs se font toujours désirer. L'idée de la gratuité de l'entrée était dans l'air au ministère de la Culture. Mais est-ce que ça inciterait les gens à aller au musée ? Peu probable. Pour franchir le seuil d'un établissement dont on est convaincu qu'il ne recèle que des «vieilleries qui ne peuvent intéresser que les spécialistes et une poignée d'initiés», il faut tout simplement qu'on ait la preuve du contraire. Il faut donc que les musées corrigent l'image dévalorisante qu'on se fait d'eux. Et le seul moyen de le faire, c'est en occupant le devant de la scène culturelle et en faisant l'actualité à travers des manifestations médiatiques médiatisantes qui feront parler du musée et le feront connaître de tous.