Les résultats officiels du premier tour des législatives égyptiennes ont été annoncés mardi soir. Sans surprise, le Parti national démocrate (PND, au pouvoir), a raflé la mise en obtenant 209 sièges sur les 221 mis en jeu pour cette première phase sur un total de 508 en lice, soit 94,5%. Un regroupement de partis laïques et sept candidats indépendants (élus du premier coup), se sont partagé le restant des sièges, dont deux pour le parti Wafd (libéral). L'opération de vote a été marquée par des violences entre les partisans de l'opposition, les pro-PND et les forces de sécurité, ainsi que par une fraude massive et un flagrant bourrage des urnes. Au moins trois personnes ont été tuées par balle lors de heurts entre partisans de candidats rivaux, selon le ministère de l'Intérieur. Grands perdants du scrutin, les Frères musulmans ont dénoncé ces irrégularités en affirmant envisager un possible retrait de leurs candidats du second tour. «Nous sommes en train d'étudier si nous continuons ou pas» à participer au processus électoral, a déclaré Mohammed Mursi, un responsable islamiste. Les islamistes égyptiens, principale force d'opposition, qui se sont présentés en tant que candidats indépendants, n'ont obtenu aucun siège. Dans l'assemblée élue en 2005, ils contrôlaient 20% des sièges au Parlement. Les Frères musulmans ont aussi signalé le recours du régime Hosni Moubarak à l'intimidation des partisans de l'opposition, allant même jusqu'à les empêcher de se rendre aux bureaux de vote. Le régime égyptien a eu même recours à la distribution de denrées alimentaires dans certaines régions pour inciter les électeurs à voter en faveur des candidats pro-pouvoir, ont rapporté des témoins et des journalistes dont plusieurs ont fait l'objet d'arrestations arbitraires de la police des forces de sécurité à la veille et le jour même du scrutin. Des organisations non gouvernementales, à l'exemple de Human Right Watch, avaient auparavant mis en garde contre tous ces dépassements qui se sont déroulés presque à huis clos puisque de nombreux observateurs indépendants ont été tout simplement empêchés d'accéder aux bureaux de vote. Evincés au premier tour, les opposants islamistes égyptiens n'ont aucune chance de gagner au second tour. La majorité des 287 sièges restants sera donc disputée par des candidats du PND qui a présenté plus de 800 candidats en tout. Les Etats-Unis, qui entretiennent des relations très étroites avec la personne du président égyptien Hosni Moubarak, sont mis à l'index par l'opposition égyptienne qui les accuse d'être responsables de cette farce électorale. Le pouvoir égyptien ne cache pas depuis des mois sa volonté d'affaiblir la représentation parlementaire islamiste avant l'élection présidentielle de 2011, pour laquelle M. Moubarak, 82 ans, n'a pas encore révélé ses intentions, même si son entourage assure qu'il briguera un nouveau mandat. L. M .