Les électeurs égyptiens votaient, hier, pour boucler la première phase des législatives, dont le premier tour a été marqué par une domination sans surprise du parti au pouvoir et une large fraude, selon des observateurs indépendants. Le Parti national démocrate (PND, de Hosni Moubarak), qui s'est déjà assuré 26 députés, devrait également s'arroger une grande part du gâteau lors de ce deuxième tour, qui concerne 133 sièges. Mais des 266 candidats en ballottage, 40 membres des Frères musulmans ne comptent pas abandonner la partie facilement. Déjà première force de l'opposition dans l'Assemblée sortante, le mouvement islamiste affirme viser de 50 à 70 sièges contre 15 actuellement (sur 454 au total). Il a remporté 4 sièges lors du premier tour du 9 novembre. Malgré les efforts des autorités de respecter la transparence, en permettant la présence d'observateurs indépendants et en utilisant pour la premihre fois des urnes transparentes, la fraude a été pratiquée dans les huit gouvernorats concernés par la premier tour, dont Le Caire, selon des ONG locales. Ces organisations, qui ont dépêché des centaines d'observateurs dans les bureaux de vote, ont notamment relevé de très nombreux cas d'achats de voix. L'éditorialiste Mohsen Arichie note, dans un article hier, l'apparition soudaine de nouveaux frigos, de couvertures et de cartables dans certains des foyers les plus pauvres du Caire. Une délégation parlementaire européenne a également fait état d'irrégularités et d'intimidation. Le chef spirituel des Frères musulmans, Mohammed Mehdi Akef, avait accusé de fraude le régime de Hosni Moubarak. “Il y a de la fraude partout, pas de transparence, pas de liberté”, avait-il lancé. Hier matin, le PND mobilisait, sans s'en cacher, ses partisans. La participation au premier tour n'avait pas atteint les 25%, sur 11 millions d'électeurs inscrits. Un électeur a indiqué, sous le couvert de l'anonymat, qu'on lui avait promis trois mois de salaire s'il votait pour le PND. R. I./Agences