La Fifa a attribué, jeudi après-midi, à la Russie l'organisation de la Coupe du monde 2018. Le choix a fait grincer des dents plusieurs capitales occidentales, notamment celles, à l'image de Londres, Amsterdam ou Bruxelles, qui étaient en course. Les médias de ces pays, notamment anglais, ont réagi avec violence parfois à la désignation de la Russie. Mauvais perdants, les Anglais particulièrement, n'ont pas cessé de tirer à boulets rouges sur la Fifa et la Russie depuis jeudi soir. Pour en revenir au vote, selon des informations, la Russie a terminé première, au premier tour, avec 9 voix, suivie des duos Espagne-Portugal (7 voix) et Belgique-Hollande (4 voix) et enfin de l'Angleterre avec deux voix seulement. Cette dernière a donc été éliminée au premier tour. La Russie, n'ayant pas obtenu la majorité, les 22 membres du bureau exécutif de la Fifa se sont dirigés vers un second tour. Moscou remporte les élections avec 13 voix contre 7 à Espagne-Portugal et 2 à Belgique-Hollande. Même si bon nombre d'observateurs ont jugé que la candidature anglaise était la plus «valable» - et là il faut dire qu'il est possible que l'élimination de l'Angleterre est une réaction des membres de l'exécutif de la Fifa aux révélations liées à la corruption au sein de l'instance internationale faite par certains médias britanniques ces derniers temps – il n'en demeure pas moins que les attaques plus que virulentes de certains médias américains et européens reflètent un certain ethnocentrisme footballistique dénoncé par plus d'un depuis bien longtemps. Pourquoi la Russie n'organisera-t-elle pas la Coupe du monde ? Ce sera la première fois. D'ailleurs, les officiels russes ont beaucoup misé sur ce paramètre. Le Premier ministre, Vladimir Poutine, a fait de l'organisation de ce Mondial une priorité. Même si, sur le plan infrastructurel, la Russie est moins nantie que ses concurrents, les responsables ont présenté des garanties quant à la concrétisation, à temps, du projet. Et les membres de l'exécutif de la Fifa n'ont pas été insensibles à ces promesses. Il est clair que d'autres paramètres, autres que sportifs, contribuent à la prise de telles décisions. Pour plus d'un, si l'Angleterre, qui a déjà organisé une Coupe du monde, en 1966, n'a plus rien à démontrer en termes de marché du football, la Russie, quant à elle, est un terrain fertile plus que prometteur. De plus, les membres de l'exécutif de la Fifa ont voulu, peut-être, lancer un message qui consiste à dire que le sport le plus pratiqué sur la planète est vraiment universel. La Russie a le droit et peut organiser un Mondial. A ce propos, il faut dire que le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a tenté d'être rassurant. «Je veux remercier le comité exécutif de la Fifa pour sa décision, pour nous faire confiance pour l'organisation de la Coupe du monde 2018. Cette décision est en accord avec la philosophie de la Fifa de promouvoir le football mondialement, notamment dans les régions où elle en a le plus besoin», a déclaré Poutine. Auparavant, il avait indiqué, en réponse à une question sur les capacités de la Russie à tenir ses engagements, que «c'est là où se trouve le défi». «C'était précisément l'avantage de notre candidature car cela signifie le développement du football mondial, mais cela signifie également le développement des sports, des routes, des infrastructures de transport pour notre pays, des infrastructures qui ne seront pas seulement utilisées par les footballeurs ou par les fans de sport, mais aussi par tous les Russes», a-t-il ajouté. Evidemment, certains médias russes ont exprimé quelques inquiétudes quant au coût du Mondial. Selon le quotidien des affaires Vedomosti, pour le Mondial, «il faut construire ou reconstruire près de 8 000 kilomètres de routes, plus de 2 000 kilomètres de voies ferrées, bâtir des hôtels, refaire les pistes d'aéroports, construire de nouveaux terminaux…». Une entreprise jugée gigantesque. Mais, Poutine a tenté de relativiser. «Selon les calculs préliminaires, la construction des stades et de l'infrastructure coûtera 300 milliards de roubles [près de 10 milliards de dollars], soit une somme équivalente à celle dépensée lors des préparatifs du Mondial sud-africain. Nous avons assez de ressources financières. Nous aurons peut-être besoin d'une aide consultative», a-t-il déclaré. A. A.