Il a provoqué le séisme et le séisme l'a emporté. Tout seul. C'est ainsi que l'on pourrait qualifier le scénario concocté par le président de la Fédération anglaise de football, lord Triesman, qui a été piégé par une de ses anciennes collaboratrices lorsqu'il était ministre de l'Innovation, des Universités et des Compétences. Pour avoir eu la langue un peu trop pendue, il se retrouve aujourd'hui à la porte, éjecté du football anglais dont il n'est plus le président de sa fédération puisqu'il a démissionné de ce poste comme il a également démissionné de la direction de la commission de candidature de son pays à l'organisation de la phase finale de la Coupe du monde 2018. Ce lord a été pris dans son propre piège en accusant l'Espagne et la Russie de fomenter un complot sur le dos de l'Angleterre en vue d'amener la Fifa à donner l'organisation de la Coupe du monde 2018 à la Russie. Et le complot en question n'était ni plus ni moins qu'une histoire, à propos de laquelle il n'avait aucune preuve, indiquant que les Espagnols étaient prêts à se désister au profit des Russes dans la course à l'obtention de l'organisation du Mondial de 2018 et même à les aider à la condition qu'ils parviennent à corrompre des arbitres appelés à diriger des matches de la prochaine Coupe du monde. Lord Triesman a bien tenté de bloquer les journaux de son pays pour qu'ils ne parlent pas de ce qu'il a dit à sa collaboratrice. En vain. Même la justice qu'il avait saisie à cet effet n'a pas voulu entrer dans son jeu. Il ne lui est plus resté qu'à se confondre en excuses auprès des Espagnols et des Russes mais c'était trop tard. Le coup était parti. Et la machine à broyer également. Dans l'après-midi de dimanche, lord Triesman a été forcé se démettre de son poste de directeur général de la commission de candidature de l'Angleterre pour l'organisation de la Coupe du monde 2018. Dans la soirée, il dû prendre de nouveau sa plume pour rédiger une autre lettre de démission, cette fois-ci de son poste de président de la Fédération anglaise de football. Que restait-il alors à faire pour les Anglais ? Tout simplement à remettre de l'ordre dans une maison que lord Triesman avait mise sens dessus-dessous. On a donc dû battre le rappel de l'ex-président de la Fédération anglaise de football, Geoff Thomson, pour qu'il revienne aux affaires de la discipline et surtout à assister de plus près une équipe nationale qui est en pleine préparation de la Coupe du monde. Geoff Thomson a aussi été désigné directeur général de la commission de candidature de l'Angleterre à la Coupe du monde 2018. On lui a adjoint deux très grosses pointures du sport anglais, à savoir Sebastian Coe et Keith Mills, ceux qui avaient réussi à obtenir pour leur pays l'organisation des Jeux olympiques de 2012 et qui dirigent actuellement le comité d'organisation de ces jeux. Avec Thomson, leur première mission sera de se déplacer à Zurich, où se trouve le siège de la Fédération internationale de football, pour être reçus par le président de celle-ci, Joseph Blatter. Ils vont tenter de rassurer ce dernier pour réparer les dégâts causés par lord Triesman. La double démission de ce dernier serait un point favorable aux Anglais qui essaient de montrer qu'ils savent faire le ménage chez eux lorsque la situation devient pourrie au risque de se débarrasser d'éminents personnages.