Le marché informel continue de gangrener plusieurs secteurs devant l'incapacité des pouvoirs publics à y faire face. En cette fin d'été et à l'approche de la rentrée scolaire, l'occasion est donnée aux adeptes du commerce informel de refaire surface et d'essayer d'en tirer profit au maximum. Crayons, stylos, trousses, cahiers, protège-cahiers, pâte à modeler et autres articles d'origine chinoise font la joie des jeunes vendeurs de circonstance qui ne ratent pas l'occasion d'investir dans l'informel pour un mois. L'activité se concentre dans certains quartiers érigés en «zones de fournisseurs». Et ce, en l'absence du contrôle de l'Etat. Une absence de plus en plus remarquée puisqu'elle touche d'autres activités commerciales notamment à l'approche du mois de Ramadhan. Concernant les fournitures scolaires, il faut dire que le développement de l'informel n'arrange guère les libraires, les papetiers attitrés… En somme, les spécialistes dans ce créneau ne cessent de se plaindre. «Nous n'arrivons pas à travailleur. Nous sommes envahis par l'informel», confie une libraire installée à Alger-centre dont les locaux sont presque déserts à quelques jours de la rentrée. Et, pourtant, elle s'est bien préparée. «Je me suis approvisionnée en produits de qualité, mais vous voyez, les clients n'arrivent pas encore. Il faut attendre la rentrée pour voir», ajoutera-t-elle avec une note d'espoir. Car, expliquera-t-elle, «il y a des parents qui ne jouent pas avec la qualité même s'ils déboursent plus». Techno, un grand magasin d'articles scolaires situé en pleine rue Larbi Ben M'hidi, ne désemplit pas. Il enregistre une affluence régulière en cette fin août. Mais les prix affichés ne font qu'éloigner les clients qui n'ont d'autre choix que de se rabattre sur les produits chinois. «Certes, les produits sont de qualité. Mais c'est trop cher. Un trousseau complet peut aller jusqu'à 5 000 dinars. Ce qui n'est pas possible», raconte un père de famille. Cela dit, il est utile de noter que certaines familles se permettent le luxe d'offrir à leurs enfants ce genre de produits. Mais, dans la majorité des cas, ceux qui se retrouvent dans l'obligation de faire face aux fournitures de trois enfants scolarisés et parfois plus n'ont pas d'autre choix. Ils optent pour les prix relativement bas proposés par les commerçants informels dont l'existence remonte à quelques années. Nous assistons, en effet, de plus en plus à l'importation en masse des fournitures scolaires de Chine. Ces articles «Made in China» envahissent le marché au détriment de la production nationale connue pour sa qualité. Certes, les parents ont le choix à quelques jours de la rentrée mais la qualité n'y est pas. Il faut la payer cher. Or, ce n'est pas possible pour les bourses avec l'accumulation des dépenses. Entre le mois de Ramadhan, l'achat des vêtements pour l'Aïd, qui interviendra quinze jours après la rentrée scolaire, la tâche s'annonce des plus dures pour les parents. Lesquels finiront par opter pour les produits moins tendance, de moindre qualité mais meilleur marché. Ils savent que ce sont des produits de piètre qualité. Ils se rabattent sur les produits chinois, pratiquement sans concurrence en matière de prix sur le marché de la fourniture scolaire en Algérie comme c'est le cas d'ailleurs dans d'autres pays. Les produits algériens sont presque en voie de disparition étant complètement «voilés» par la marchandise chinoise, pourtant nuisible. Car, faut-il le noter, les articles sont dans la majorité des cas fabriqués avec des matières premières nocives. Le comble, ils ne durent même pas un trimestre. Les parents sont dans l'obligation de renouveler le trousseau scolaire plusieurs fois durant l'année. Même le cartable n'y échappe pas. En fin de compte, ce qu'ils gagnent à la rentrée lors de l'achat des fournitures, ils le perdent au cours de l'année. S. I.