Economie souterraine, immergée, marché parallèle, secteur informel... De multiples appellations pour un phénomène planétaire et ancien d'un secteur de non-droit. Profitant de la fragilité des institutions de l'Etat et tirant profit des failles d'une législation à parfaire, comme c'est le cas dans les économies en pleine transition d'une économie centralisée vers une économie de marché, le secteur informel continue à « prospérer » en Algérie. Il représenterait environ 17% de la production algérienne, à en croire les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS). N'épargnant aucun secteur d'activité, le phénomène prend de plus en plus de l'ampleur pour s'installer en concurrent déclaré du secteur formel, tout en continuant à narguer les lois de la République. Le Conseil économique et social (CNES), dans sa 24e session plénière, avait érigé la lutte contre le secteur informel, sous toutes ses formes, de « tâche d'intérêt national ». Selon les chiffres du ministère des Finances, sur un total de 35 000 importateurs en activité, pas moins de 15 000 activent avec des registres loués, ce qui en dit long sur l'ampleur de l'évasion fiscale dans le pays. éradication En 2003, le CNES a révélé que, dans le monde du travail, l'emploi informel se situe à plus de 1,249 million de personnes, soit 17,2% de l'emploi total et 21,9% de l'emploi hors agriculture. En moyenne annuelle, estime le CNES, l'emploi informel connaîtrait un taux de croissance de plus de 8%, soit deux fois celui de l'emploi structuré. La contribution de l'emploi informel à la formation du produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures serait de l'ordre de 20% à 25% en 2003, selon les données du ministère des Finances. Face à l'ampleur du phénomène, le CNES préconise l'éradication du secteur informel parasitaire par la réalisation d'une croissance économique durable et créatrice d'emplois. Mais, dans les faits, les choses se présentent de manière beaucoup plus compliquée. Pour certains experts, l'informel et le formel ont toujours été intimement liés, « ne serait-ce que par la monnaie dont ils font un usage commun ». Selon eux, c'est l'incapacité de l'État de répondre aux besoins fondamentaux de la population (emploi, santé, logement, éducation, etc.) qui est à l'origine du foisonnement du secteur informel.