La réduction de la pauvreté dans le monde est le seul moyen pouvant assurer la sécurité alimentaire et l'adaptation au changement climatique, indique un rapport de l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). Selon ce nouveau rapport intitulé «Sécurité alimentaire, agriculture et changement climatique à l'horizon 2050 : scénarios, résultats, options politiques», un revenu élevé pour les familles constitue un avantage pour faire face à la sécheresse, aux inondations, ainsi qu'à d'autres catastrophes climatiques».«Nous affirmons que la lutte contre la pauvreté constitue un élément clé de l'adoption au changement climatique, et que nous devons l'intensifier dès maintenant», a indiqué Gerald Nelson, chercheur de haut niveau à l'IFPRI et coauteur de ce rapport rendu public, mercredi dernier, au cours la conférence des Nations unies sur le changement climatique, qui se déroule actuellement à Cancun, une station balnéaire mexicaine. «Une fois que les impacts les plus graves du changement climatique seront visibles, il sera déjà trop tard pour réagir efficacement», a-t-il ajouté. M. Nelson a cité à titre d'exemple, la grave sécheresse en Russie et les inondations au Pakistan qui constituent, a-t-il dit, un aperçu d'un avenir négativement affecté par les phénomènes météorologiques violents. Les prix des aliments de base pourraient également augmenter de 42 à 131% pour le maïs, de 11 à 78% pour le riz, de 17 à 67% pour le blé, d'ici 2050, et ce, en fonction de l'état du climat, de l'économie et des variations de population du monde, indique le rapport qui évoque aussi une probable augmentation de 2 à 4 degrés, des températures moyennes mondiales après 2050, alors que s'accentuent les impacts du changement climatique sur les rendements. Aussi, les auteurs de ce document jugent-ils essentielle la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour éviter à la planète une seconde moitié du 21ème siècle calamiteuse. Cette réduction est l'un des objectifs majeurs de la conférence qui s'est ouverte lundi dernier à Cancun en présence de plusieurs représentants venus de plus de 130 pays avec l'espoir de faire aboutir à des résultats concrets les négociations sur la lutte contre le changement climatique, après l'échec du sommet de Copenhague en 2009.Mais d'ores et déjà, de nombreux observateurs augurent d'un deuxième échec. La dernière prédiction est venue dans la bouche du président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva qui a estimé mercredi dernier que la conférence de Cancun «ne va rien donner. Aucun grand dirigeant n'y va, au mieux ce sont des ministres de l'Environnement, et on ne sait même pas si les ministres des Affaires étrangères iront ; il n'y aura donc aucun progrès». Lui-même a annulé cette semaine son voyage à Cancun. Le président brésilien a également déploré le manque d'empressement des pays riches à financer la lutte contre la déforestation en Amérique latine, en Asie ou en Afrique. «La proposition de financement est très confuse», a-t-il regretté. M. Lula a, en revanche, assuré que le Brésil respecterait ses engagements, sans attendre une aide ou un financement. Le géant sud-américain s'est engagé l'an dernier à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 39% et la déforestation amazonienne de 80% par rapport aux prévisions en 2020. «Nous sommes en train de tenir nos engagements et nous n'avons pas besoin d'une faveur pour les respecter, nous allons les tenir parce que c'est notre devoir», a affirmé le président brésilen. Son gouvernement a annoncé que la déforestation de l'Amazonie brésilienne avait enregistré une baisse record, entre août 2009 et juillet 2010, avec 6 451 km2 déboisés, une réduction de 14% par rapport aux douze mois précédents. A ce rythme, le Brésil pourrait atteindre ses objectifs de réduction de la déforestation dès 2015, soit cinq ans plus tôt que prévu, a estimé la ministre de l'Environnement, Izabella Teixeira. On estime que la déforestation provoque 20% des émissions mondiales de dioxyde de carbone, responsables du changement climatique. Le Brésil est le quatrième pays émetteur de gaz à effet de serre, en grande partie à cause du déboisement. Réagissant à la déclaration de M. Lula, la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres, dira que la réunion «n'avait jamais eu pour vocation d'être un sommet de chefs d'Etat», ce qui était le cas à Copenhague l'an dernier. A Cancun, ce sont les ministres de l'Environnement et/ou Energie de plus de 190 pays, signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui trancheront et signeront un éventuel accord. Pour l'heure, les pourparlers sont menés par des délégations de négociateurs de chacun des pays. Cependant, une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement, principalement de pays du Sud et notamment d'Amérique latine, sont attendus en fin de semaine prochaine. Pour sa part, le négociateur américain Jonathan Pershing a assuré lors d'une conférence de presse à Cancun que «le processus va produire des résultats». «Tous les participants aux négociations [...] font des efforts pour progresser», a-t-il assuré. R. C.