Le prix du baril de pétrole a regagné ces derniers jours, le terrain qu'il avait perdu au cours des semaines précédentes pour atteindre 60 dollars le baril. Plusieurs facteurs ont entraîné cette hausse des prix, à savoir la vague de froid qui touche actuellement plusieurs pays, la baisse des stocks pétroliers aux Etats-Unis ainsi que l'entrée en vigueur d'une nouvelle baisse de production décidée par l'Opep lors de sa dernière conférence ministérielle. S'exprimant à ce sujet, M. Francis Perrin fait remarquer que "même s'il est clair que l'Opep, au cours des derniers mois, n'a pas complètement mis en œuvre les baisses de production que l'Organisation avait engagées, la production est quand même sur la voie de la baisse". Il dit ne pas exclure une autre baisse du prix du baril. "On ne peut pas l'exclure, c'est vrai, on a eu un mois de janvier et un début février assez spectaculaire ; on a commencé l'année à près de 60 dollars le baril, le prix du pétrole a ensuite chuté jusqu'à 50 dollars le baril et on revient actuellement à 60 dollars dans des fluctuations considérables". Il explique qu'actuellement c'est l'hiver pour l'hémisphère nord. Le trimestre suivant qui sera avril-mai-juin, correspondant au printemps pour ces mêmes pays qui sont les grands pays consommateurs de pétrole. "Traditionnellement, à cette période de l'année pour des raisons saisonnières la demande pétrolière mondiale chute par rapport à son niveau du premier trimestre, ce qui peut évidemment avoir un impact sur les prix dans le sens de la baisse, sauf si l'Opep en diminuant sa production compense les effets liés à la remontée des températures au printemps", a-t-il ajouté. M. France Perrin n'écarte pas l'hypothèse de voir les prix chuter à 50 dollars le baril ou en dessous. "On ne peut pas exclure cette hypothèse. Si les prix sont tombés à la mi-janvier à 50 dollars le baril, on ne peut pas du tout écarter l'hypothèse que lors du printemps avec la baisse de la demande mondiale, le prix puisse chuter à 50 dollars ou en dessous ; mais évidemment cela suppose que d'autres facteurs ne jouent pas en sens contraire, notamment la politique des pays producteurs, en particulier ceux de l'Opep, qui essayent souvent avec plus ou moins de succès d'adapter leur production aux variations de la consommation mondiale pour empêcher dans ce cas de figure que les prix ne baissent de façon trop forte au printemps". Il ajoute qu'il y a toujours l'"inconnu" que constitue un certain nombre de situations et d'événements de nature politique et géopolitique à travers le monde, la situation interne dans certains grands pays producteurs, et s'il y a une accentuation des difficultés, de problèmes internes dans certains pays, c'est un facteur qui est susceptible de pousser les prix du pétrole à la hausse. Il pense notamment à l'Iran et à ses relations avec la communauté internationale concernant son programme nucléaire. "L'Iran reste un facteur potentiel de tension, mais on peut penser à la situation interne au Nigeria qui est particulièrement, troublée dans le Delta du Niger ; une grande région productrice de pétrole. On peut aussi penser à ce qui se passe au Venezuela ou ailleurs". Pour le rédacteur en chef de Pétrole et Gaz arabes les jeux ne sont pas faits, même si traditionnellement la période du printemps est une période difficile pour les pays producteurs, car chaque année la demande pétrolière mondiale baisse de façon importante par rapport à son niveau du premier trimestre. A son avis et pour maintenir les prix au-delà de 50 dollars le baril, l'Opep doit trouver en son sein un consensus pour prendre toute décision quelle qu'elle soit, mais, précise-t-il, "ce n'est pas facile. Il y a au sein de l'Opep des pays qui ont des positions et des intérêts divergents. L'Opep avait décidée deux baisses de production, l'une à partir à partir du 1er novembre de 1,2 million de barils / jour et une deuxième baisse de 500 000 barils / jour à partir du 1er février. Il est possible que la situation soit à revoir dans quelques semaines en fonction de l'évolution des prix et de la consommation. Cependant, ce qu'il faut noter c'est que si l'Opep a effectivement baissé la production depuis novembre et devrait encore la baisser début février, il est tout à fait certain, même si on n'a pas encore des chiffres définitifs, que ces deux baisses cumulées à partir de novembre et de février soient inférieures à l'objectif de l'Opep qui était donc une réduction de 1,200 mbj plus 500 000 bj". La question pour l'Opep est de savoir si les prix baisseront dans quelques semaines et notamment au cours du trimestre prochain. Faut-il décider une nouvelle baisse de production ou faut-il commencer par appliquer les décisions prises par les deux conférences précédentes de l'Opep qui devraient se traduire normalement, ce n'est pas encore le cas aujourd'hui, par une baisse de la production de l'Organisation de 1,7 barils / jour, estime-t-il encore. Selon toujours, M. Francis Perrin : "A partir du 1er janvier 2007, l'Opep s'est un petit peu renforcée avec l'adhésion de l'Angola qui est le deuxième producteur de pétrole dans l'Afrique subsaharienne". Cela dit, poursuit-il, "l'entrée de l'Angola n'est cependant pas très facile à interpréter, car dans ce pays il y a tellement de découvertes pétrolières au cours des dernières années qu'il va vouloir continuer à augmenter sa production plutôt que la baisser. Mais l'Opep est forte si elle est disciplinée. Si évidemment les décisions qui sont prises ne sont pas appliquées, l'Opep perd en crédibilité". Il ajoute qu'"il y a beaucoup de rumeurs, selon lesquelles l'Arabie Saoudite souhaiterait s'opposer à une nouvelle réduction de l'Opep. Ce pays ne voudrait pas que les prix remontent trop rapidement, pour des raisons économiques et pétrolières mais c'est quelque chose qui pèse sur le débat interne à l'Opep". Parlant de l'hypothèse de la création d'une "Opep du gaz", M. Francis Perrin dit ne pas y croire. "Il y a une différence fondamentale entre le gaz et le pétrole. C'est que le pétrole est essentiellement vendu dans le cadre de contrats à court terme. Le gaz au contraire est essentiellement vendu dans le cadre de contrats de long terme qui peuvent durer 20 et 25 ans". Il note que lorsqu'un pays producteur est engagé auprès de ses clients dans le cadre de contrats d'exportation de long terme "il ne lui est pas possible de faire, comme peut faire un pays membre de l'Opep, de baisser sa production par exemple pour faire remonter les prix. Il est engagé contractuellement auprès de ses clients". Pour lui, le terme "Opep du gaz" n'a pas de sens. "Il peut y avoir une organisation réunissant les pays exportateurs de gaz qui peuvent échanger des informations, qui peuvent essayer de coordonner certains aspects de leur politique, de discuter de leurs investissements et leurs projets futurs, mais tant que le marché du gaz sera largement organisé autour de contrats à long terme, il ne pourra pas y avoir une Opep du gaz".