Photo : S. Zoheir De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Evoquer le problème d'embellissement des devantures et façades relève du domaine de l'iréel à Tlemcen, et à travers toutes les villes de la wilaya. Pourtant, dans le souci de garantir une cohérence en matière de qualité et d'esthétique urbaine, la commune doit disposer d'un droit de regard sur l'aspect extérieur de toute nouvelle construction ou sur la modification d'une construction existante. Cela dit, devant le marasme urbain et la défiguration de l'image de la ville, les décideurs doivent engager des actions, notamment donner des instructions fermes aux gérants des boutiques et des commerces pour relooker le décor afin de donner une image digne de la ville, et, surtout, veiller à l'application de ces instructions.En effet, la politique d'aménagement urbain concerne tous les quartiers des villes que compte la wilaya de Tlemcen. Et dans ce sillage, la politique de la commune doit d'emblée prendre en compte une meilleure répartition de l'habitat social pour éviter de trop fortes densités sur certains secteurs. Il s'agit d'offrir une grande diversité de types de logements, avec des fonds de commerce, et les infrastructures doivent s'ériger dans des lieux propices, afin de créer des façades dans les normes.Cependant, et depuis ces derniers mois, la ville a entrepris de restaurer son cœur historique. Les travaux ont été menés en suivant des règles précises, définies clairement dans le programme élaboré pour la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011». Toutefois, ces opérations de restauration, même si elles sont bien menées, ne participent point à l'amélioration du cadre de vie des habitants, ni à un changement quelconque. La ville a perdu «sa couleur» originelle.Il faut cependant souligner que l'action publique ne peut à elle seule garantir l'esthétique urbaine. Quartiers, ensembles immobiliers, îlots urbains, cités doivent y participer activement, étant donné que la charte de qualité des façades a pour vocation d'aider les populations à participer à cet effort collectif. Parce que l'esthétique d'une ville, c'est l'affaire de tous. A propos des façades mal entretenues, des urbanistes et des architectes précisent que la construction à base de bois (vitrines, fenêtres…) a nettement moins besoin de traitement. Il convient d'utiliser les peintures et les revêtements adéquats. Toujours dans ce sillage, nos interlocuteurs, notamment des architectes, précisent que pour les façades en pierre, c'est un autre problème parce que c'est un traitement difficile. Pour cela mieux vaut faire appel à quelqu'un de compétent car beaucoup de critères entrent en jeu, entre autres, le revêtement, la santé des pierres, le type de pierre...Dans ce sillage, les spécialistes précisent que beaucoup de façades en béton se délabrent, victimes des intempéries et de la pollution.Aujourd'hui, aucun ensemble urbain, village ou ville, ne ressemble totalement à un autre, mais ceci sera-t-il encore vrai demain ? Non seulement chaque ville, mais encore chaque quartier, chaque place, chaque rue a un nom qui lui est propre, mais aussi son propre visage, son histoire, son identité. Mais ces caractères, ces particularités et originalités sont souvent altérés et le quartier ou la ville perdent, dès lors, leur individualité urbaine. Les nouvelles constructions de ces dernières décennies ont conduit en de nombreux lieux à une perte sensible de cette individualité spécifique. Partout, on observe le même phénomène : l'ancienne harmonie des villes et des villages avec les interférences polyvalentes de leurs fonction et utilisation deviennent de plus en plus une juxtaposition de fonctions uniques, qui, optimisées et spécialisées, provoquent la perte de l'unité de l'ensemble. Ainsi, on se trouve aujourd'hui souvent en ce qui concerne l'architecture de l'espace public, l'architecture de la ville, devant un fonctionnement toujours meilleur des parties au détriment d'un tout fonctionnant de moins en moins bien. Or, les éléments les plus importants de l'architecture urbaine, selon des architectes, sont le plan, la silhouette, les espaces urbains, les successions de façades et leurs matériaux et, enfin, l'aspect de la couleur. L'espace public urbain est dans son apparence toujours un tout, plus que la somme des parties qui le constituent, à savoir la proportion de l'espace, le type de bâtiments, le tracé des espaces pour les piétons et pour les véhicules, le mobilier urbain. Donc l'évolution de l'urbanisme et de l'architecture doit être revue par les concernés pour mieux panser et penser la ville. Il s'agit de donner un nouveau visage aux villes, surtout que Tlemcen s'apprête à devenir la capitale de la culture islamique dès l'an prochain.....