Moscou a fait part de sa «perplexité» hier face aux plans de l'OTAN, révélés par le site WikiLeaks, destinés à protéger les trois Etats baltes contre une éventuelle agression russe, alors que l'Alliance tentait de calmer le jeu, réaffirmant que la Russie n'était pas une menace. «De telles publications suscitent un grand nombre de questions et la perplexité», a déclaré une source au ministère russe des Affaires étrangères, citée par l'agence Interfax, rappelant que la Russie et l'OTAN ont récemment adopté une déclaration prévoyant notamment le non-retour de la force. Cette source a, ensuite, souligné que l'Alliance atlantique ferait mieux de coopérer avec Moscou pour répondre à «des menaces réelles et non pas imaginaires». L'OTAN a élaboré des plans destinés à protéger les trois Etats baltes (Lettonie, Lituanie, Estonie) de menaces provenant de Russie, selon des télégrammes diplomatiques américains diffusés par WikiLeaks dont le contenu a été publié par le quotidien britannique The Guardian. Ce plan mis en place pour la Pologne par l'Alliance a été étendu à ces trois Etats ex-soviétiques membres de l'OTAN à leur demande, selon ces câbles datés de janvier 2010. Le chef adjoint du comité de la Douma russe (chambre basse) pour les affaires étrangères, Léonid Sloutski, a, pour sa part, souhaité obtenir des explications officielles sur ce dossier. Il a toutefois admis que la Russie ne pouvait pas «considérer les informations obtenues de cette manière [via WikiLeaks] comme étant la position officielle de l'Alliance». Une source militaire russe, citée par Interfax, a, de son côté, largement minimisé l'importance de ces notes diplomatiques, estimant qu'elles n'avaient «rien dévoilé de neuf». «Un plan d'actions stratégiques visant à détruire le groupement de troupes à Kaliningrad (enclave russe entre la Pologne et la Lituanie) a été élaboré par l'OTAN il y a six ans», relève cette source. L'Alliance a même procédé à des manœuvres aériennes et navales dans la région en vue d'une «éventuelle agression russe», a-t-elle ajouté. L'OTAN a répondu aux interrogations russes en réaffirmant que les deux ennemis de la guerre froide ne représentaient pas un danger l'un pour l'autre. «Comme le secrétaire général [de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen] l'a dit au sommet de Lisbonne», le 20 novembre, «l'OTAN et la Russie ne représentent pas une menace l'une pour l'autre», a indiqué Oana Lungescu, porte-parole de l'Alliance. Les pays Baltes considèrent leur adhésion à l'OTAN en 2004 comme une assurance contre l'expansionnisme russe. L'annexion de ces Etats par l'URSS n'avait par ailleurs jamais été reconnue par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. La Russie et l'OTAN, réunies en sommet le 20 novembre à Lisbonne, se sont mises d'accord pour approfondir leur coopération sur l'Afghanistan et la défense antimissile, relançant ainsi des relations mises à mal par la guerre russo-géorgienne d'août 2008.