De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «On investit intelligent.» C'est le leitmotiv des opérateurs privés détenteurs de biens immobiliers, souvent octroyés par les pouvoirs publics à des prix symboliques pour encourager les entreprises culturelles à Constantine. Mais un petit tour d'horizon montre on ne peut plus clairement le peu d'engouement pour l'action culturelle chez les opérateurs privés. La tendance à l'ouverture de salles des fêtes détrône, voire écarte toute idée de création d'espaces destinés à accueillir des artistes, comédiens, musiciens. Le constat atteste d'une l'absence d'une promotion artistique dans une ville qui vit depuis des années, au rythme des festivités institutionnalisées. La capitale de l'Est n'est pas encore outillée quand il s'agit d'activer en dehors du circuit officiel. Point d'espace d'exposition. Et cela ne relève pas d'écueils administratifs. Peu d'opérateurs ayant les capitaux nécessaires, pensent à investir dans ce créneau qui, à leurs yeux, n'est pas rentable. Encore faudra-t-il disposer d'un penchant indéfectible pour les arts et l'action culturelle. Quant aux artistes, ils ne peuvent, eux, créer et aménager des lieux car ils sont tout simplement désargentés et ne disposent pas de moyens. Cette situation pénalise évidemment les quelques artistes qui demeurent en quête d'espaces adéquats pour exposer leurs créations et se faire connaître. Une situation qui les pousse souvent à présenter leurs œuvres au Centre culturel français de Constantine quitte à demeurer souvent solitaires avec leurs créations, faute de visiteurs. Or, les visiteurs sont un acteur majeur qui permet à l'artiste de mesurer l'impact de ses créations, de nouer des liens avec une autre catégorie de public et, probablement, de découvrir de nouvelles idées, d'élargir ses horizons de perception, car dans le domaine de l'art, il n'y a point de limites ou de frontières, qu'elles soient temporelles ou spatiales. La multiplication des espaces conforterait ainsi les échanges. Mais à Constantine on n'en est pas à ce stade de la réflexion. On ne se bouscule pas chez les responsables locaux en vue de proposer la création d'une galerie d'art. La cité millénaire se rabat sur ses acquis qui, de plus, demeurent sous-exploités. Et les artistes continuent de solliciter un peu de considération de la part des acteurs principaux et gestionnaires de la culture. Ainsi, les expositions «dignes de ce nom» font leur traversée du désert dans la ville qui se targue d'être une place culturelle. Mais avec la réouverture prochaine du hall du palais de la culture Mohamed El-Aïd-El-Khalifa après une pseudo exploitation pour des «expo-ventes» injustifiées de livres, et la réhabilitation de la salle Issiakhem qui y est intégrée, les artistes pourront désormais faire valoir leurs produits. «Les portes sont toujours ouvertes aux créateurs d'événements culturels. Mieux encore, les éventuels exposants se verront rétribués tel qu'il se doit et selon leur statut», explique le directeur de la culture de wilaya, M. Foughali, qui n'a pas peur d'une concurrence car sachant pertinemment que l'idée de galeries d'art chez les opérateurs privés demeure à l'état «embryonnaire» pour ne pas dire quasi inexistante, à l'exception de deux probables chantiers dont les contours ne sont pas encore clairement définis.Même son de cloche du côté du Théâtre régional de Constantine (TRC). «Le hall du TRC demeure ouvert à toute bonne exposition de qualité», dira le directeur du TRC, M. Ramdani, qui, précisera toutefois que rares sont les artistes qui le sollicitent pour mettre à leur disposition cet espace. Dans un autre registre, dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014, la Direction de la culture, qui a récupéré les galeries commerciales Globes, devra les rentabiliser en les réhabilitant selon une maquette prédéfinie. L'étude technique -débutera en 2011 et l'enveloppe financière est disponible à cet effet, apprend-on de sources concordantes qui ajoutent que le plan d'urgence lancé à Constantine consacre une grande partie du budget à la revalorisation du secteur culturel notamment les infrastructure. In fine, les salles d'expositions étatiques auront de beaux jours devant elles tant la concurrence dans le marketing culturelle demeure en gestation.