De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Misant sur trois pôles industriels : agroalimentaire, mécanique et pharmacie, qu'elle veut développer davantage pour en faire un pivot incontournable, tant à l'échelle nationale qu'internationale, Constantine, la capitale de l'Est, aura omis au passage de consolider certains autres secteurs dont le développement pourrait bien conforter l'économie locale, voire lui ouvrir d'autres perspectives dès lors que les assiettes dégagées à cet effet demeurent existantes au niveau de ses 15 zones d'activités et qui n'attendent que des opérateurs potentiels et efficaces. La réalité du terrain est pourtant tout autre, principalement en raison d'un laisser-aller qui ne dit pas son nom. Mais aussi à cause d'une mauvaise conception du mot investissement. Il en ressort une ambigüité entre les pourvoyeurs publics et les acquéreurs souscripteurs qui ne perçoivent le concept d'investissement que sous le seul angle du crédit bancaire.De fait, la plupart des nouveaux promoteurs constantinois, unanimes, mettent à l'index les banques pour leur tendance à tout verrouiller dès qu'il s'agit d'octroyer des lignes de crédit importantes, nécessaires et indispensables pour donner le coup de starter aux projets d'investissement. Ces «blocages» ont été évoqués dernièrement par le président de la chambre de commerce et d'industrie Rhumel, lors du passage à Constantine du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar. Mais le ministre n'a pas été convaincu. Bien au contraire. Il n'y est pas allé avec le dos de la cuillère, en défendant les banques, qui, selon lui, n'ont pas pour mission d'accompagner des investissements en accordant aux opérateurs économiques des crédits sans limite. Les règles prudentielles que toute institution financière doit observer - la crise financière et économique qui ébranle le secteur bancaire dans le monde est là pour le rappeler -, oblige les banques à s'imposer des seuils dans l'octroi des crédits et à exiger des garanties de remboursement de ces crédits. Evidemment, cette mise au point n'a pas été du goût de tous les investisseurs qui réclament toujours des dotations en lignes de crédit en affirmant que sans ces crédits ils ne pourraient rien entreprendre et que le refus des banques d'en octroyer a d'ailleurs bloqué de nombreux projets à Constantine. D'autres investisseurs évoqueront comme élément de blocage l'état déplorable des zones industrielles. Le manque d'entretien au niveau de la majorité des zones d'activité fait l'effet d'un véritable repoussoir. Routes mal entretenues, éclairage public inexistant, viabilisation laissant à désirer sont les principales caractéristiques de ces zones. D'aucuns estiment que la relance économique à Constantine passe par un nettoyage de fond et un toilettage de tous ces espaces, censés être des pôles économiques fourmillant d'activités et où il ferait bon travailler et produire. Cette réhabilitation des zones d'activité passera aussi par une régularisation des 64 parcelles attribuées et restées sans projet au motif, récurent, de refus du crédit bancaire. En réponse à cette situation, M. Temmar prendra une position tranchée et tranchante qui rejoindra celle du wali, lequel a adressé des mises en demeure aux détenteurs de terrains fonciers, même si le représentant des investisseurs voudrait tempérer, dans l'espoir de dénouer la situation sans devoir en arriver à la restitution des parcelles de terrain non exploitées. En attendant de faire sortir l'économie locale de ces «impasses» qui retardent la naissance d'une activité économique diversifiée, la wilaya de Constantine n'a d'autres ressources que ses grandes unités industrielles du secteur public, actives et productives, même si elles peuvent mieux faire. Un des fleurons de l'industrie locale, est le complexe de moteurs et tracteurs de Ouled Hamimime qui emploie près de 2 000 travailleurs. On peut aussi citer les complexes compresseurs compacteurs de Aïn Smara et l'Algérienne des équipements et machines au Khroub. S'agissant des autres unités de production, relevant toujours du secteur public, la cimenterie de Hamma Bouziane, le complexe de filature et de tissage de Constantine et la carrière du Khroub viennent compléter le tableau de ces manufactures «lourdes» dans cette wilaya. La production pharmaceutique est, elle, dignement représentée par l'unité de production d'insuline du groupe pharmaceutique Saidal. Avec ses équipements ultramodernes, aux normes de productions internationales, cette unité représente le dernier acquis de l'économie locale. Le secteur de l'agroalimentaire est, quant à lui, représenté par la Société nationale de production de tabac et allumettes (SNTA) qui alimente le territoire de près de 70% de la production nationale, la minoterie de Hamma Bouziane, l'entreprise de boissons gazeuses sise à la commune de Didouche Mourad et la laiterie Numidia. Par ailleurs, selon la monographie établie par la direction générale du budget, de la planification et de l'aménagement du territoire établie en juin 2008, soit la dernière édition en attendant l'actualisation des données, le nombre total des petites unités industrielles se rapportant au secteur privé avoisine les 190 entreprises dont l'industrie mécanique, l'industrie agroalimentaire, les exploitants de carrière et les industries diverses. Pour ce qui est des activités relatives à la petite et moyenne entreprise (PME), le BTP, l'agroalimentaire, les services et commerce occupent les meilleurs lots. Cependant, il est utile de souligner que pour le dispositif pour la promotion de l'investissement, le Calpi, depuis son installation, aura vu défiler 744 projets retenus, correspondant à 22 651 emplois. Quant à l'ANDI, installé en juin 2003, elle a cumulé jusqu'à 2007 environ 585 projets avec 11 023 emplois envisagés. En somme, le nombre de projets agréés en 2007 par les organismes de promotion de l'investissement et des activités de production se partagent des portions assez variées allant de 1,90% pour l'ANGEM et cela s'explique par la nouveauté du dispositif, mis en action depuis septembre 2005, à 54,80% soit le taux des opérations effectuées par l'ANDI. A lire cette monographie on serait en mesure de dire que la capitale de l'Est est bien lotie en ce qui concerne l'activité industrielle. Pourtant, la cartographie économique montre le contraire. Si on excepte les quelques activités «hétéroclites», l'économie locale est concentrée autour des trois pôles susmentionnés, lesquels attirent l'attention des pouvoirs publics qui veulent les mettre à niveau et les booster, en vue d'en faire des entités économiques puissantes et concurrentielles.