Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), est déçu. A l'occasion de la célébration du 62ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, l'avocat, chargé par le président de la République de veiller au respect des droits humains dans le pays, constate que les choses traînent dans ce domaine.Avant d'aller présider un colloque au niveau de la résidence Djenane El Mithaq, à Alger, Farouk Ksentini s'est exprimé, dans la matinée de jeudi, sur les ondes de la Radio nationale sur la situation des droits de l'Homme dans le pays. Tout n'est pas noir, c'est vrai. Mais l'avocat a énuméré des manquements qui restent une plaie, selon lui. «L'abus dans la détention préventive est souvent le fait de simples policiers», a-t-il révélé à titre d'exemple. Ce reproche fait aux forces de l'ordre est, bien entendu, consigné dans le rapport sur la situation des droits de l'Homme en 2009, que son institution a rendu public. Ces dépassements sont, selon lui, le fait de manque d'éducation de certains agents. Il reproche à ces derniers le fait de ne pas «respecter la présomption d'innocence». Le propos est virulent. «Les conditions d'hygiène ne sont pas respectées durant la garde à vue. Les cellules sont inappropriées. Tout cela n'est pas compatible avec la dignité de la personne suspecte. Nous avons signalé ce fait de sorte à ce que des corrections soient apportées immédiatement parce que cela est insupportable», a-t-il dit. Il est temps de mettre un terme à un «phénomène qui continue de sévir», à travers la mise en place «de garde-fous», selon lui. Pis, Farouk Ksentini n'a pas non plus épargné l'institution judiciaire elle-même. Selon lui, l'Algérie n'a toujours pas de «justice de qualité». «C'est vrai, des réformes ont été engagées. Mais il est encore tôt de faire une évaluation ou de tirer les enseignements. A mon sens, il doit y avoir un effort colossal dans le sens de redonner sa crédibilité à la justice», a-t-il fait valoir. L'autre dépassement que Me Ksentini juge grave est l'agression contre les femmes. «Beaucoup de gens agressent les femmes rien que parce qu'elles sont femmes», a-t-il dit avant de plaider pour une «aggravation de la peine». «C'est ce qui se fait dans le monde. La personne qui voudrait agresser une femme réfléchirait à deux fois avant d'agir si la peine encourue est plus importante que celle infligée actuellement», suggère-t-il.C'est autour du thème de la discrimination que s'était tenue, durant la journée de jeudi dernier, une rencontre organisée par la CNCPPDH. Y ont pris part des juristes et des experts algériens siégeant au sein des instances internationales.Le président de la Commission nationale consultative pour la promotion a également abordé d'autres sujets, comme l'accès aux soins, le droit au logement et d'autres problèmes. Il a qualifié certaines situations d'«inacceptables». Il en est ainsi de la criminalisation de la «harga». «Une petite amende suffit», a-t-il plaidé. A. B.