Photo : Riad Comme il fallait s'y attendre, la quatrième édition du Festival international du film arabe d'Oran (Fifao) a suscité des réactions contrastées autant chez les habitants, les participants que la presse locale qui ne s'est pas privée de fustiger la mauvaise organisation. «C'était prévisible au regard des doutes qui avaient entouré son organisation et l'absence d'une réelle préparation. Mais surtout, il est dommage de voir que quatre années d'expérience n'ont pas été capitalisées et que l'amateurisme règne toujours en maître. Ce que le changement de commissariat n'explique pas entièrement», assure Hadj Bensalah, spécialiste du cinéma et habitué des festivals internationaux.Pour notre interlocuteur, le «caractère exceptionnel» de cette édition, invoqué par l'organisation de Mustapha Orif pour expliquer les manquements enregistrés, ne justifie pas que des artistes oranais - qui auraient pu apporter leur concours à l'organisation du festival - en soient ainsi exclus, que les médias ne reçoivent leur accréditation que la matinée même du jour de l'inauguration, qu'aucune campagne de médiatisation n'ait été lancée auprès de la population, que le nombre des invités baisse aussi drastiquement… «Comment alors espérer réussir en six mois ce que l'on a raté en trois fois plus de temps ?» s'interroge-t-il très justement à propos de l'édition 2011 qui est prévue au mois de juillet prochain.Chez la population, les réactions ne sont pas moins tièdes et beaucoup de gens - en raison d'un quotidien économique pas très joyeux et de l'absence de médiatisation - ignoraient jusqu'à sa tenue cette semaine. «Au lieu de se mettre ainsi dans l'embarras, les organisateurs auraient été mieux inspirés de le reporter à juillet 2011. Ils l'auraient peut-être mieux réfléchi et se seraient épargné bien des tracas», estime le citoyen lambda que pareille manifestation culturelle n'attire encore que très modérément bien que les éditions passées aient démontré qu'il pouvait s'intéresser à la chose cinématographique pour peu qu'on l'y incite intelligemment (sans créer la panique, les projections en plein air avaient quand même enregistré une affluence correcte). Ceci étant, beaucoup d'observateurs se sont interrogés sur la pertinence d'une édition en plein froid de décembre (qui ne permet pas le cinéma en plein air), intercalée entre les deux festivals majeurs du monde arabe, ceux de Marrakech et Dubai. Plus virulents, certains journaux locaux n'y sont pas allés de main morte dans leurs éditions pour pronostiquer le «fiasco» du Fifao et «l'incroyable désorganisation» qui avait marqué son ouverture, vendredi dernier, à la salle de cinéma El Maghreb. L'un des journaux s'est même indigné de «l'absence des artistes des pays du Golfe, pourtant invités d'honneur […], du wali d'Oran qui a chargé son secrétaire général de le représenter et de la ministre de la Culture». Constats qui, il est vrai, donnent la mesure de l'importance réelle que les autorités ont accordée à cette curieuse édition. Pour la majorité des journalistes de la presse locale (dont certains dénoncent l'absence de communication de la part du commissariat du festival), cette édition manque effectivement de professionnalisme et n'incite pas à l'optimisme quant à l'avenir.