Les formes et les moyens de lutte contre la contrefaçon ont été au centre d'une journée d'étude organisée hier à Bordj Bou Arréridj, à l'initiative de la Direction du commerce et des prix (DCP). Ciblant les opérateurs économiques activant dans cette région, cette rencontre consacrée, selon ses organisateurs, à un phénomène qui «ronge à petit feu le monde de l'industrie au niveau international», permettra d'«informer les opérateurs, en particulier les importateurs, sur les dangers liés à la contrefaçon à laquelle même les médicaments n'échappent pas». Les services des Douanes algériennes, des officiers de la Sûreté de wilaya et de la Gendarmerie nationale, ainsi que des fonctionnaires du service de répression des fraudes relevant de la DCP encadrent cette journée qui devrait donner lieu à un riche débat autour du phénomène de la contrefaçon. L'Organisation mondiale des douanes (OMD) a établi que la contrefaçon, c'est-à-dire le fait de reproduire illégalement ou d'imiter un produit le faisant passer pour authentique, «progresse chaque année d'environ 20% et représente un préjudice estimé à plus de 500 milliards de dollars», a souligné le directeur de wilaya du Commerce. Selon lui, la contrefaçon «n'épargne actuellement aucun secteur dans le monde» et ses retombées sont «catastrophiques» pour les pays non industrialisés, faute de moyens adéquats de contrôle aux frontières. De nombreux pays ont «facilité la contrefaçon, notamment en Asie et en Amérique latine, où il est proposé une main-d'œuvre à moindre coût et une fiscalité très attractive pour les firmes internationales», a-t-on relevé au cours des débats. Ces firmes «délocalisent à tout-va», ce qui donne l'occasion à certains ateliers de «prospérer en fabricant des produits non coûteux, de mauvaise qualité, mais avec la griffe du vrai producteur». Pour M. Abdelmalek Benhamadi, directeur du groupe Condor spécialisé dans l'électroménager, «certaines entreprises internationales connues sur le marché international ont fini par quitter ces pays, laissant se développer la contrefaçon de leurs produits qui inondent aujourd'hui le marché mondial». «Certaines entreprises importent de pays asiatiques des produits high-tech produits sans aucune marque et leur collent des étiquettes du nom de leurs fabricants originels pour les écouler ensuite», a-t-il ajouté. Il a été recommandé, au terme de la rencontre de «doubler les moyens de contrôle aux frontières, d'entreprendre des inspections inopinées sur les marchés nationaux et de faire montre de vigilance lorsqu'il s'agit de produits importés». Le directeur du commerce, rappelant que l'Algérie a engagé une lutte sans merci contre toutes formes de fraude, y compris la contrefaçon, a estimé qu'il est nécessaire de multiplier les journées d'information et de sensibilisation à l'adresse des hommes d'affaires et des importateurs nationaux.