Abdelaziz Belkhadem peut jubiler. Le secrétaire général du FLN a réussi, en l'espace d'un week-end, à faire oublier - ou presque - la fronde menée par des cadres de son parti depuis plusieurs mois.Lors de la troisième session du comité central tenue jeudi et hier à Zéralda, Abdelaziz Belkhadem est donc passé à l'offensive. Lui qui s'était confiné dans le silence ces derniers temps, alors que le mouvement de redressement donnait l'impression de prendre de l'ampleur, a remis les choses au point. En deux temps. Le premier lorsqu'il a annoncé, jeudi dernier, à l'ouverture des travaux que «la loi sera appliquée à tout le monde». Il a donc brandi le bâton. «J'ai toujours veillé à éviter la tenue de sessions de la commission de discipline avant le congrès. Nous voulions éviter les divisions à l'intérieur du parti. Mais maintenant que le congrès s'est tenu, nous allons faire appliquer la loi à tout le monde», a-t-il déclaré devant une assistance acquise. C'est d'ailleurs le nombre de militants qui semble faire la différence entre le groupe de Kara et ceux restés fidèles à la direction actuelle. Puisque sur les 351 membres que compte le comité central, seuls 17 se sont absentés «sans justification». Il est vrai que les absents ont pour noms Abderrezak Bouhara, Abdelkrim Abada ou Mohamed-Seghir Kara. Cela ne change pas grand-chose. Et Belkhadem en prit compte.Hier, le secrétaire général du FLN a changé de discours. L'homme semble être rassuré par les messages de soutien qui lui proviennent de partout. Du coup, ce n'est plus le bâton qu'il brandit, mais la carotte. «Après cette session, je vais prendre une initiative personnelle. Je contacterai les frères qui ne sont pas venus. Je vais essayer de les convaincre d'exprimer leur opinion lors de la prochaine session du Comité central. Quant à ceux qui ont choisi la rupture, ils assument leurs responsabilités», a-t-il souligné.La veille, le chef du parti a tout de même tenté de donner des gages à ses adversaires. Il a tenté de démanteler, presque un à un, les arguments présentés par les redresseurs. Il est allé plus loin jusqu'à rassurer qu'il n'a aucune ambition présidentielle. «Si la vie est longue, le candidat du FLN à la présidentielle de 2014 sera Abdelaziz Bouteflika», a-t-il lancé à une salle circonspecte. C'est un nouveau pavé dans la mare plutôt consensuel dans l'arène d'un parti qui ne jure que par le nom du chef de l'Etat. Pourquoi ces cadres s'opposent-ils ainsi à la direction ? Abdelaziz Belkhadem trouve une explication. «Vous remarquez que la fronde a commencé juste après l'annonce de la composante du bureau politique», précise le secrétaire général du FLN qui a rappelé que certains parmi les «redresseurs» avaient pris une part active au 9e congrès.A ceux qui doutent de la légitimité du FLN, Abdelaziz Belkhadem a répliqué que «le dossier a été déposé en bonne et due forme et dans les délais. Le ministère de l'Intérieur n'a exprimé aucune réserve sur aucun membre du Comité central», a-t-il tenu à préciser.Pour mettre dans l'embarras ses adversaires, le secrétaire général du FLN a évoqué l'échange épistolaire qu'il a eu avec les sénateurs Abderrezak Bouhara et Mohamed Boukhalfa. «J'aurai pu diffuser leur lettre s'ils me l'avaient demandé», a-t-il ironisé. La correspondance des deux parlementaires concerne notamment des critiques sur le mode de fonctionnement du parti. Belkhadem a répondu par une invitation à exposer leurs doléances lors de cette session du Comité central. Les concernés refusent.Sur les raisons profondes qui ont mené à cette fronde, le secrétaire général du FLN, qui a reconnu qu'il y a des manquements, a avoué que son parti n'a pas fait «dans la facilité». «Le temps où l'on annonçait que nous renouvelions nos instances, alors que ce n'était pas vrai, est révolu», a-t-il clamé. Selon lui, ceux qui font des recours lors du renouvellement des instances de base sont «en majorité» des «gens inscrits dans d'autres partis». «Est-ce par amour au FLN qu'ils viennent ou par calcul par rapport aux élections de 2012 ?» s'est-il interrogé. A noter que cette troisième session du Comité central n'a pris que deux jours, alors qu'elle était prévue sur trois. Le secrétaire général a expliqué que cela est dû au fait que «la liste des intervenants a été épuisée». A. B.