«Les officiels du Nigeria estiment que le recours aux attentats à la bombe, un fait sans précédent, change la donne». Le Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique (150 millions d'habitants) finira-t-il par connaître le même sort que le Soudan, le pays le plus vaste du Continent ? Depuis quelques années, la cohabitation entre chrétiens et musulmans est devenue quasiment impossible. Bilan des derniers affrontements intercommunautaires qui sont devenus récurrents : 41 morts, 74 blessés et…23 maisons brûlées dimanche en représailles aux attentats à la bombe perpétrés vendredi à la veille de Noël à Jos, la capitale du Plateau, un Etat qui marque la limite géographique entre un Nord musulman et un Sud principalement chrétien. Dans la ville de Maiduguri, au nord-est du pays, les «poseurs de bombes» se sont pris à trois édifices chrétiens. Ces violences ne sont pas les premières au Nigeria où les deux communautés se livrent maintenant à des batailles ouvertes dans les rues de Jos. Les chrétiens et les musulmans qui ont découvert les «enterrements collectifs» ont enregistré en mars 2009 des affrontements qui ont provoqué la mort de 500 personnes dans cette région. Comme à chaque attentat, l'armée se déploie pour réduire à néant les risques d'un «embrasement» que rechercheraient les Boko Haram. Cette secte, qui se réclame des talibans d'Afghanistan, est apparue au grand jour en juillet 2009 en lançant une offensive coordonnée contre des commissariats dans plusieurs Etats du Nord. Depuis, elle œuvre pour «dresser les chrétiens contre les musulmans» et «instaurer un Etat islamiste» pur au Nigeria. Les officiels du Nigeria estiment que le recours aux attentats à la bombe, un fait sans précédent, change la donne. Ils promettent de prendre au sérieux cette «nouvelle dimension» des auteurs de la violence à l'approche des élections prévues en avril prochain que la coalition de l'opposition, Action Congress of Nigeria qualifie déjà de «manipulées». Goodluck Jonathan, le chef de l'Etat, annonce qu'il traduira en justice les responsables d'attentats «qui ont tué de nombreux Nigérians innocents, tant chrétiens que musulmans», à Jos et attaqué trois églises dans la ville de Maiduguri qui a enregistré plus de 50 morts, dont des policiers, des soldats, des religieux, des chefs locaux et des politiciens, durant les cinq derniers mois.