L'année 2011 débute avec la mise en place officielle des membres de l'Organe de prévention et de lutte contre la corruption. Le retard enregistré dans la nomination des membres de cet organe, attendue depuis quatre ans, a laissé planer le doute sur l'existence en Algérie de personnes intègres et propres capables de prendre en main les destinées de la structure et d'engager de manière effective le travail pour lequel elle a été créée, à savoir chasser les corrompus et les corrupteurs. A bien voir, trouver une personne probe et loyale à l'ère où la corruption est devenue «un sport national» en Algérie n'est pas chose facile. Il ne faut pas se voiler la face. Les scandales qui ont éclaté ces dernières années ont touché presque tous les secteurs et à tous les niveaux. Le dernier en date, celui de la prestigieuse compagnie pétrolière Sonatrach, a mis en cause deux directeurs généraux et plusieurs cadres. Faut-il préciser que dans ce scandale et dans d'autres qui l'ont précédé, comme ceux de Khalifa, de l'autoroute Est-Ouest et de la Générale des concessions agricoles, les noms de ministres, de président d'APN et autres secrétaires généraux ont été éclaboussés. Faut-il aussi rappeler que des walis sont derrière les barreaux et que la Cour suprême instruit toujours le dossier de hauts cadres de l'Etat ayant bénéficié du privilège de la juridiction. Il ne s'agit plus aujourd'hui du simple agent de banque qui détourne 100 000 DA ou même 1 000 000 DA mais de personnalités influentes qui s'associent avec Achour Abderrahmane ou encore Abdelmoumene Khalifa – nombreux sont les Achour et les Abdelmoumene en Algérie - pour dilapider des milliers de milliards ! C'est dire que lutter contre la corruption dont la toile est déjà tissée et les tentacules bien fixés est une chose ardue. La gangrène étant là, l'Etat n'a pas d'autre choix aujourd'hui que de s'attaquer à ce phénomène. C'est la raison pour laquelle l'Organe contre la corruption a été créé. Ce dernier commencera par faire taire tous ceux qui, pour des intérêts occultes, accusent sans preuves, favorisant le jeu de cache-cache des corrompus. Ne dit-on pas que, quand tout le monde crie au loup par fantaisie, celui-ci reste bien tapi dans les bois. Les membres de l'Organe de lutte contre la corruption n'auront pas à parler mais à agir. Ils donneront des noms et apporteront les preuves. Ils s'attaqueront de front au mal. C'est pour cette mission qu'ils ont été choisis par le président de la République. Car le chef de l'Etat sait que pour ériger un Etat de droit, il faut déclarer la guerre à la corruption. Abdelaziz Bouteflika sait que, pour dissuader tous ceux qui risquent d'être tentés par ce fléau, il faut donner des exemples de châtiment, rappeler que la loi est au-dessus de tous. Il ne s'agit nullement de la chasse aux sorcières mais de faire respecter les limites de l'Etat de droit. Il s'agit de faire comprendre aux élus, aux cadres de la nation, à ceux qui sont investis de l'autorité de l'Etat que lorsqu'ils vont contre la loi et les règles de l'honnêteté et de l'éthique, s'ils sont coupables de malversations, de corruption, ils s'exposent à des sanctions car il existe bel et bien des lois et des institutions chargées de lutter contre la corruption et les malversations. Ceux qui seront coupables ne s'en prendront qu'à eux-mêmes et la République survivra. Si le combat n'est pas mené, il est évident que les lois seront considérées comme des coquilles vides par les citoyens qui auront toutes les raisons de tourner le dos aux discours politiques sur la moralisation de la vie publique et le rétablissement de la confiance entre gouvernants et gouvernés. H. Y.