C'est avec un pouvoir d'achat des plus dérisoires que les Algériens ont entamé l'année 2010 avec la montée vertigineuse des prix qu'ont connue la majorité des produits alimentaire de base. C'est aussi avec une crainte quant à une éventuelle flambée de l'inflation en 2011 que les pouvoirs publics ont entamé cette année. Cette crainte a été clairement affichée hier par le représentant du ministère des Finances. Ainsi, si le taux d'inflation est tombé de 5,7% en 2009 à un peu plus de 4% en 2010, il risque de reprendre l'ascenseur cette année et de contredire les prévisions du gouvernement qui tablent dans la loi de finances 2011 sur un taux d'inflation de 3,5%. Et pour cause, pour certains produits, l'augmentation appliquée dépasse les 15%. Une marge difficile à supporter par les bourses moyennes. 200 DA de plus pour le bidon d'huile de 5 litres, c'est l'équivalent de dix sachets de lait pasteurisé ou bien de 25 baguettes de pain, les seuls produits qui sont subventionnés par l'Etat et qui sont toutefois vendus dans certaines occasions plus que d'habitude. Le pain est cédé à dix dinars au lieu de 7,5 DA, alors que le lait a même été vendu à 40 DA le litre lors de la dernière crise. Une crise qui risque de ressurgir à tout moment et de toucher le pain. En effet, après la pénurie de lait, une autre s'annonce pour le pain suite à la rareté de la matière première, c'est-à-dire la farine. Cette cacophonie qui caractérise le commerce des produits de base donne le tournis aux consommateurs qui n'arrivent pas à se retrouver dans cette situation. Ils n'arrivent pas non plus à expliquer cette hausse. Les justifications données par les responsables des secteurs du commerce et des finances sont également loin de les convaincre. Si le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a lié cette hausse à la situation du marché international, les mêmes arguments ont été donnés hier par le directeur de la prévision et des politiques au ministère des Finances qui est allé un peu plus loin en mettant en cause les changements des même habitudes alimentaires des Asiatiques, alors que ces habitudes ont commencé à connaître des modifications il y a quelques années. Certes, le marché est libre, mais la flambée de ces derniers jours a été soudaine, sans aucun avertissement. Même les grossistes ne s'y attendaient pas. Que dira-t-on alors des consommateurs qui n'ont plus la force de se serrer davantage la ceinture ? Ils sont habitués à se priver de viande, de poisson, de fruits et d'autres produits devenus luxueux, mais pour le sucre, les légumineuses, l'huile et la farine, ce n'est pas possible. A moins de boycotter ces produits et de passer à l'ère des privations. S. I.