93 morts et 1 149 blessés en 6 jours. Un bilan (désormais hebdomadaire) horrifiant révélé par la Gendarmerie nationale concernant les accidents de la route pour la période allant du 20 au 26 août. Aucune mesure prise par les pouvoirs publics pour freiner cette hécatombe ne semble porter ses fruits. Ni l'extension du réseau routier, ni l'aménagement des routes (trémies, ronds-points, sens unique, panneaux de signalisation…), ni les récurrentes campagnes de sensibilisation (dont la dernière sur les dépassements dangereux, lancée le 5 août dernier, n'est pas encore terminée), ni même les mesures répressives (révision du code de la route en 2004) n'ont permis d'interrompre la courbe ascendante des accidents de la circulation. Le directeur du Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR), M. Hadj Boutalbi, lors d'une réunion consacrée à la sécurité routière tenue jeudi dernier, faisait état de 2 746 tués et de 40 871 blessés dans 25 856 accidents de la route sur le territoire nationale entre le début de janvier et le 21 août 2008. Il est noté que près de 60% des chocs ont été enregistrés dans les zones rurales, où l'on dénombre le plus grand taux de mortalité. 2 279 contre 467 en zone urbaine. Durant la réunion des responsables du transport, et en présence du premier responsable du secteur, M. Amar Tou, le directeur de l'Etablissement national de contrôle technique automobile (ENACTA), M. Leghrieb Abdallah, a exposé des données chiffrées sur l'activité de son secteur. Plus de 1,2 million de véhicules contrôlés depuis le mois de janvier à juin dernier. Soit 210% de progression par rapport à 2003 (année où le contrôle technique des véhicules automobiles rendu obligatoire depuis 1987 a été effectif). Avec des prévisions tablant sur 2,4 millions de véhicules contrôlés à fin décembre 2008 (+ 400% par rapport à 2003). Concernant les véhicules soumis à la contre-visite, 316 092 ont bénéficié d'un délai de 15 jours à un mois pour se mettre en conformité et éviter le retrait du véhicule de la circulation. Même si le contrôle technique des véhicules est une mesure indispensable pour la sécurité routière, il demeure que le facteur humain est derrière le plus grand nombre d'accidents (impliqué dans plus de 90% des cas). Selon le bilan de la Gendarmerie nationale précédemment cité, 92 accidents sont dus à la perte de contrôle du véhicule, 85 à l'excès de vitesse, 65 à la négligence des piétons, 60 aux dépassements dangereux et 38 au non-respect de la distance de sécurité. De ce fait, il devient urgent de revoir et de corriger le processus de formation et de délivrance du permis de conduire. La mise en œuvre d'un nouveau système d'examen pour l'obtention de cette licence été prévue pour le début de l'année en cours. Le ministre des Transports informe qu'il fait l'objet de révision. Mieux que de réformer l'examen du permis de conduire, il serait plus judicieux de revoir toute la formation des futurs conducteurs. Il ne suffit pas d'inculquer aux candidats l'art de manœuvrer un véhicule et de lire les plaques de signalisation, la sensibilisation sur les dangers de la route et leurs répercussions sur la vie humaine doivent être enseignées dans un module obligatoire. Montrer des images choquantes, des vidéos pénibles et des simulations d'accidents peuvent être des mesures à même de frapper le subconscient de candidats constatant de visu que ni l'airbag, ni l'ABS, ni la ceinture de sécurité, ni les barres latérales ne peuvent prémunir contre un accident survenu à plus de 100 km/h. Par ailleurs, ne serait-il pas salutaire de prévoir en parallèle de l'examen pour l'obtention du permis de conduire un test psychotechnique pour identifier les aventuriers du volant et autres chauffards inconscients des risques que peut engendrer un comportement incivique en voiture. La conduite n'est pas un jeu virtuel. Dans la réalité et dans la majeure partie des cas, on n'a pas droit à une seconde partie. On perd, on meurt. En 2007, 39 010 accidents de la route ont fait 4 177 décès et 61 139 blessés et autant de malheurs, de cris et de familles endeuillées. Cette année, pour les trois premières semaines du mois d'août, 275 individus ont trouvé la mort. Un bilan «remarquablement lourd». S. A.