La Belgique retient son souffle dans l'attente de savoir si les indépendantistes flamands de la N-VA vont accepter de reprendre les négociations sur une réforme du pays, rompues en octobre dernier, provoquant la plus longue crise politique de l'histoire du pays. Un autre parti flamand, Groen (Verts), a été la première des sept formations (quatre néerlandophones et trois francophones) engagées dans ces interminables discussions mettant en jeu l'unité de la Belgique depuis les législatives de juin 2010. Optimiste, le président de Groen, Wouter Van Besien, croit qu'un accord sur «une réforme de l'Etat solide» est possible «dans un laps de temps de quelques semaines sur la base de la note» du conciliateur nommé le 21 octobre par le roi Albert II, le sénateur socialiste flamand Johan Vande Lanotte. Mais la réponse la plus attendue, considérée comme décisive, est celle de la formation qui a les revendications les plus radicales, la N-VA, devenue premier parti de Flandre avec 28% des voix. Avec des nuances, voire des réserves, les deux autres partis néerlandophones impliqués, le CDV chrétien-démocrate et le SPA socialiste, devraient donner leur accord au rapport Vande Lanotte, de même que les trois groupes francophones, le PS, Ecolo et les centristes du CDH. Les problèmes-clés des droits des francophones dans la périphérie de Bruxelles font office de baromètre. Satisfaisant une revendication des Flamands unanimes, une partie des 130 000 francophones vivant en Flandre dans l'arrondissement bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) perdraient les privilèges judiciaires et électoraux dont ils bénéficient depuis plus de 40 ans. Une bonne moitié d'entre eux, soit autour de 70 000 personnes, continueraient cependant de jouir d'un statut spécial dans six communes flamandes adjacentes à la capitale, où ils sont majoritaires. A la satisfaction également des Flamands les plus autonomistes, plus du quart (26%) de l'impôt sur le revenu, soit 15 milliards d'euros, jusqu'à présent de compétence fédérale, serait transféré aux régions. On est, certes, loin des 45% de transfert que réclamait en octobre le chef de la N-VA, Bart De Wever, lorsqu'il a rompu les négociations. Les néerlandophones auraient également obtenu d'autres transferts de compétences pour les régions (emploi, santé, allocations familiales…). Comme le demandaient avec insistance les francophones, la région de Bruxelles-Capitale, très désargentée et affligée d'un chômage de plus de 20%, verrait sa dotation financière améliorée. La ville à 90% francophone recevrait notamment une dotation équivalente à 15% des impôts perçus par les autres régions pour compenser le coût engendré par les centaines de milliers de Flamands et de Wallons qui font chaque jour la navette pour y travailler, mais n'y payent aucun impôt. Le chef de la N-VA, Bart De Wever, dans une retentissante interview à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, estimait impossible de réformer l'Etat belge. R. I.