Le préformateur du gouvernement fédéral belge, Elio Di Rupo, a averti que le royaume risque d'être "conduit vers l'aventure, voire le chaos politique", lors d'une conférence de presse lundi à midi à Bruxelles. Il a indiqué que deux plus grands partis politiques flamands, la Nouvelle Alliance flamande (N-VA) et les Chrétiens Démocrates flamands (CD&V), avaient négativement répondu à ses initiatives sur les réformes institutionnelles de l'Etat. "A ce stade des discussions, tous les partis autour de la table n'ont pu aboutir à un compromis", a reconnu M. Di Rupo. Il a réaffirmé à cette occasion que le transfert de compétences de l'Etat fédéral aux entités fédérées, qui représente plus de 15 milliards d'euros dans le cadre d'une réforme de l'Etat approfondie, aurait besoin de l'ouverture d'un débat sur un nouveau mode de financement entre Etat fédéral, Régions et Communautés, au lieu de l'appauvrissement d'une partie de la population. Une autre discorde entre francophones et néerlandophones provient du dossier de l'appartenance de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) dans le cadre des réformes institutionnelles. Il est à l'origine de l'actuelle crise politique, qui a éclaté il y a deux mois et demi pour entraîner la tenue de l'élection législative anticipée le 13 juin, et constitue une entrave contre la formation d'un nouveau gouvernement de coalition fédéral. Selon M. Di Rupo, la proposition qu'il avait formulée samedi dernier sur BHV pouvait "résoudre complètement ce problème qui empoisonne la vie des Belges depuis tant d'années". Il a plaidé pour "un sursaut de responsabilité" des négociateurs. "Si tel n'était pas le cas, les partis qui refuseraient un compromis équilibré conduiraient le pays vers l'aventure, voire le chaos politique. Je ne crois pas que c'est le mandat que leur ont donné leurs électeurs", a mis en garde M. Di Rupo. En effet, trois mois après les élections, la Belgique n'a toujours pas de gouvernement et les négociations entre Flamands et francophones sont au bord de la rupture. Si un accord n'intervient entre francophones et néerlandophones, " les partis qui refusent un compromis équilibré vont plonger notre pays dans l'aventure, voire le chaos politique ", a averti, hier, le Premier ministre pressenti, le socialiste francophone Elio Di Rupo, dont le parti avait remporté les élections législatives de juin en Wallonie francophone, en s'adressant aux deux principaux partis de Flandre : la Nouvelle Alliance flamande (N-VA, parti indépendantiste vainqueur des législatives dans la partie néerlandophone) et les chrétiens-démocrates flamands du CD & V, qui ont refusé au cours du week-end un compromis sur la constitution d'un gouvernement. Les divergences entre partis flamands et francophones restent à l'heure actuelle insurmontables, et ont usé l'homme politique pourtant aguerri qu'est Elio Di Rupo. Vainqueur, côté francophone, des élections du 13 juin, il a multiplié les réunions depuis début juillet. Mais il a buté sur l'intransigeance de la Nouvelle Alliance flamande, (N-VA, indépendantiste) et de son chef, très populaire en Flandre, Bart De Wever. Les chrétiens-démocrates flamands du premier ministre sortant Yves Leterme ne se sont guère montrés plus souples. Les francophones estiment avoir déjà fait plusieurs concessions de taille. Ils ont accepté le transfert de compétences supplémentaires (emploi, allocations familiales, soins de santé, sécurité civile, tourisme…) de l'État fédéral vers la Flandre, la Wallonie et Bruxelles-Capitale, les trois régions du pays. Mais les négociations achoppent sur la question de l'augmentation des moyens de Bruxelles (habitée à 90 % par des francophones) et sur l'épineux dossier de l'arrondissement bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV), dont les partis flamands souhaitent la scission. Elio Di Rupo avait proposé que le budget de Bruxelles-Capitale soit augmenté (d'abord de 300 millions d'euros, puis de 500 millions d'euros annuels) en échange d'une scission de BHV.