La rentrée scolaire coïncidera cette année avec le mois sacré, ce qui ne présage malheureusement pas gaieté et bonne humeur dans les foyers algériens. Bien au contraire ! Les dépenses vertigineuses qu'elles promettent en sont la cause. Nombreuses sont les familles algériennes qui s'en inquiètent depuis un bon moment, en attendant les actions concrètes qui mettraient fin à la saignée qu'elles subissent depuis déjà des années. Pour les rassurer, le ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, Djamel Ould Abbes, pense avoir trouvé les mots et les remèdes. Des mots affables et rassérénants que les Algériens aimeraient tellement croire si seulement la réalité à laquelle ils sont confrontés quotidiennement pouvait le permettre. «L'Etat a mis tous les moyens pour une rentrée sociale sereine et performante.» C'est ce qu'il a déclaré, cité par l'APS, jeudi dernier à Alger, lors de l'ouverture d'une réunion nationale des cadres et responsables de son secteur. Pour corroborer cette affirmation optimiste, il a indiqué que parmi les efforts consentis par l'Etat pour que le citoyen soit «à l'aise» au cours de la rentrée sociale, figure «une enveloppe de 2,5 milliards d'euros destinée à soutenir les prix des produits alimentaires de base qui, a-t-il rappelé, connaissent une hausse à l'échelle mondiale». Mais encore, 3,5 millions d'élèves issus de familles démunies bénéficieront cette année du trousseau scolaire (tabliers, cartable et articles scolaires), dont le coût varie entre 1 200 et 2 000 dinars. Il a ajouté qu'une convention de 2 milliards de dinars sera signée, aujourd'hui, entre son ministère et celui de l'Education nationale pour la fourniture de bus scolaires au profit des élèves des régions enclavées. Revenant sur la distribution des «couffins de Ramadhan » qui a débuté, jeudi dernier, dans plusieurs wilayas du pays, il a précisé que les familles démunies bénéficieront de cette aide, qui englobe un budget total de 3 milliards de dinars, dans «la plus grande discrétion». Ainsi, selon les déclarations du ministre, la solidarité nationale connaît un «nouveau départ» grâce notamment à une batterie de lois et à un «important» budget estimé à 890 milliards de dinars rien que pour l'année 2008. Le ministre a également expliqué aux responsables de son secteur les nouvelles missions attribuées au ministère, notamment celles relatives à la prise en charge des familles et des personnes déshéritées ainsi que celles de la communauté nationale établie à l'étranger. Concernant la prise en charge des victimes de la tragédie nationale, le ministre a fait savoir que 7 000 dossiers ont été traités et que leurs bénéficiaires ont commencé à recevoir les indemnités, alors que 500 autres sont en phase d'étude. Il a précisé, à ce sujet, que le ministère de la Solidarité avait consacré à cette opération 9 milliards de dinars au cours des deux dernières années. Il a, dans ce contexte, ordonné aux responsables de son secteur de réserver une prise en charge «particulière» aux victimes des attentats terroristes. En attendant, les très nombreuses familles algériennes, tourmentées par la cherté de la vie et bien d'autres inquiétudes sociales, vivent au quotidien une réalité qui n'a rien de serein ni de performant. Les seules sérénité et performance que les citoyens peuvent revendiquer sont celles d'avoir encore assez de force pour se résigner et accomplir des miracles chaque matin pour remplir leurs couffins. Et cela, ils ne le doivent ni au ministre de la Solidarité ni à ses promesses. F. B.