De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Le climat de tension n'a pas baissé beaucoup dans certains quartiers d'Oran. Jeudi, encore, les jeunes ont remis ça en faisant monter la tension dès le début de l'après-midi. Les quartiers de Ibn Sina, ex-Victor Hugo, Petit lac Haï Dhaya, Ras El Aïn, Sidi El Bachir, Chteïbo et El Kerma ont repris leur bâton de contestation dans les rues de ces quartiers populaires. Fort heureusement, les dégâts ne sont pas importants et restent limités à des jets de pierres et autres projectiles qui ont engendré des troubles dans la circulation et provoqué une véritable psychose au sein des habitants. Dans les différentes zones de la ville et de la wilaya, les responsables locaux sont allés à la rencontre des manifestants pour tenter de limiter les dégâts. C'est le cas du chef de daïra d'Es Sénia qui en compagnie des élus locaux ont pris le dessus sur les incidents qui ont failli dégénérer. «Ce sont nos enfants après tout. Un père sévit quand l'un de ses enfants sort du droit chemin. Nous sommes là pour éviter des incidents graves. Mais je pense que la situation est sous contrôle», notera-t-il dans le feu de l'action. Notons que dans la localité d'El Kerma, un groupuscule de jeunes ne dépassant guère les 17 printemps a pris possession de la route nationale Oran-Oued Tlélat où la circulation a été bloquée pendant quelques minutes seulement. L'arrivée des renforts du groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale a fait fuir les jeunes manifestants. Pendant ce temps, les adultes épiaient la situation de loin sans trop se mêler de ce qui se passe. Une partie du siège du show-room de Toyota a été saccagé par les manifestants qui ont lancé des projectiles sur les vitres. Des écoliers et de jeunes délinquants faisaient partie de cette foule pleine de violence et d'énergie. Ni mots d'ordre ni revendications, seulement de la violence. Dans la ville, le maire et le chef de la daïra ont été les premiers à être dépêchés sur les lieux. Durant la nuit de jeudi à hier où des incidents ont rompu le silence des quartiers de Petit Lac et Ibn Sina, le cabinet du wali s'est réuni dans la rue à quelques mètres des émeutiers qui ont veillé jusqu'à une heure tardive. Contrairement aux dernières émeutes provoquées par la relégation du club local en deuxième division où une masse considérable de jeunes en furie a profondément marqué la ville par une violence inouïe, cette fois-ci, les tensions ont été le fait de groupuscules de jeunes en mal de sensations. Certes, les jeunes qui ont caillassé les bus et les voitures et ont laissé libre court à leur folie violente sont, en majorité, des marginaux dans ces quartiers. Des délinquants à la recherche d'animation et d'action pour stimuler une adrénaline anéantie par un quotidien morose fait de kifs et de faits divers insignifiants. Seulement, certains de ces derniers, que nous avons pu approcher et interroger, affirment avoir pris la défense des leurs, parents et mamans épuisés par le couffin journalier. «Moi aussi je prends mon café le matin. Vous voulez que je le prenne sans sucre. Je vois ma mère rouspéter tout le temps après ces prix élevés. Eux, ils ne peuvent pas manifester, mais moi, je n'ai rien à perdre», s'insurge un jeune bien au fait de la situation. Au-delà de ces incidents, c'est l'incapacité des uns et des autres qui est soulignée dans cette situation d'urgence où l'apport de tout un chacun est indispensable pour apaiser les esprits. Les comités de quartier et des représentants de la société civile se sont avérés inefficaces et sans grande utilité dans ce contexte. Seuls quelques sages et des personnalités respectées ont eu raison de ces délinquants et autres jeunes furieux. Dans le quartier d'El Hamri, ce sont aussi des jeunes qui ont apaisé les esprits pour faire place au calme et à la raison. Les responsables locaux devront revoir leur copie et rediriger leurs efforts vers ce genre de citoyens dans lesquels il faut investir impérativement.