En 1998, lorsque l'ONU publiait son premier grand rapport sur les «causes des conflits» en Afrique, quatorze pays étaient en guerre. Aujourd'hui, seuls quatre pays le sont. Pour le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, c'est grâce aux efforts africains et à un soutien international plus marqué, que le continent est davantage pacifié aujourd'hui qu'il ne l'était il y a une douzaine d'années.Mais à côté des pays encore en conflits, d'autres sont encore politiquement fragiles, constate M. Ban. Leurs institutions sont faibles, leurs économies vulnérables et le chômage des jeunes, s'aggrave. Des défis nouveaux s'imposent, du changement climatique aux crimes transfrontaliers. Ces problèmes, s'ils ne sont pas résolus, peuvent entraîner la reprise des anciens conflits ou provoquer de nouvelles crises. Il faut, estime le secrétaire général, «offrir des condiations minimales de subsistance et mener une politique de sécurité axée sur la population, le développement et les questions sociales».En matière de résolution des conflits, l'Afrique peut à juste titre revendiquer l'essentiel des progrès enregistrés au cours de la décennie écoulée. Parmi les initiatives africaines, on compte la création en 2002 de l'UA sur les décombres de l'Organisation de l'unité africaine. L'UA a mis en place une série d'institutions et de mécanismes visant à prévenir et à gérer les conflits, à l'instar de son Conseil de paix et de sécurité et de plusieurs opérations de maintien de la paix. Une force africaine de réserve de maintien de la paix se met également en place.L'ONU a répondu en réaffirmant son engagement avec l'UA. Il y a quatre ans, elle a mis en route un programme décennal en vue d'aider au développement des capacités de l'UA. En juillet, elle a créé à Addis-Abeba un bureau des Nations unies auprès de l'UA que dirige le sous-secrétaire général, Zachary Muburi-Muita. En août, l'ONU et l'UA ont tenu la première réunion d'une équipe spéciale conjointe pour une stratégie à long terme favorisant la paix et la sécurité. Actuellement, l'ONU assure le soutien logistique de 6 200 soldats de l'UA en Somalie et dirige avec elle une opération au Darfour. Au fil du temps, les organisations africaines régionales ont également entrepris des efforts de maintien de la paix et de médiation, avec le soutien de l'ONU.L'accent mis sur un partenariat avec les organisations régionales reflète une évolution générale de la façon de penser les efforts de maintien de la paix de l'organisation mondiale. Depuis les années 1990, le cadre des opérations de l'ONU s'est élargi bien au-delà des activités militaires traditionnelles (mise en œuvre d'accords de paix, protection du personnel, désarmement et la démobilisation d'anciens combattants). En 2010, l'Afrique abritait sept des 16 missions de maintien de la paix de l'ONU, avec des effectifs de 63 300 hommes, soit les trois quarts du total mondial. Ressources insuffisantes Lors de discours au Conseil de sécurité notamment, les pays riches insistent sur l'importance d'assurer la sécurité en Afrique. Cependant, note M. Ban dans son rapport, il y a généralement un décalage entre les beaux discours et les contributions financières. Ce qui n'est pas sans conséquence pour les effectifs de maintien de la paix de l'ONU déployés en Afrique et ailleurs. Le problème est plus marqué encore pour les opérations de maintien de la paix menées par les institutions africaines. Les pays africains qui fournissent des contingents disposent souvent d'équipements inadaptés et sont dépendants des contributions que leur versent (de manière irrégulière) les pays occidentaux.L'Union africaine et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest ont démontré leur engagement en montant plusieurs opérations de maintien de la paix, dans des délais souvent très courts, note le ministre des Affaires étrangères du Nigéria, Henry Odein Ajumogobia. Bien trop souvent, «elles doivent faire face au manque de matériel et d'appui logistique», ce qui entraîne l'échec de certaines missions.Adekeye Adebajo, Directeur exécutif du Centre pour le règlement des conflits basé au Cap en Afrique du Sud, juge que l'UA ne devrait pas s'empresser de mener des missions de maintien de la paix. L'UA devrait «cesser de servir de cobaye», note-t-il. Beaucoup souhaitent que opérations de maintien de la paix de l'UA, autorisées par l'ONU, bénéficient des fonds fixes de l'Organisation.De manière générale, le Secrétaire général estime pour sa part que le continent a surtout besoin d'Etats démocratiques et bien gouvernés pour s'attaquer aux nombreux problèmes qui sont à la source des conflits (corruption généralisée, inégalités économiques, exclusion de certains groupes ethniques et sociaux). «La paix et le développement du continent dépendront de l'aptitude des Etats africains à jouer efficacement leur rôle», conclut Ban Ki-moon. E. H. In Afrique Renouveau, magazine de l'ONU