Ce qui s'est passé lors de Manhasset III ne peut être qualifié de négociations, rapporte Ban Ki-moon dans son rapport sur les dernières négociations entre le Maroc et le Front Polisario. C'est l'heure de vérité. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a été appelé à remettre son rapport concernant le processus de négociations, particulièrement le troisième round, entre le Front Polisario, seul représentant reconnu du peuple sahraoui, et le Royaume du Maroc. Le Conseil de sécurité de l'ONU est appelé à examiner, aujourd'hui, le rapport de Ban Ki-moon qu'on qualifie déjà de «trop pessimiste», voire négatif quant à l'état d'avancement des pourparlers. Il est temps d'appeler un chat par son nom. S'il y a lieu de mettre une note dew pessimisme, c'est à l'ONU et au Maroc qu'incombe la grosse responsabilité. Le Maroc n'a fait que bétonner son intransigeance et ne fera aucun effort en dehors de sa proposition d'autonomie sous sa souveraineté, carrément en contradiction avec la légalité internationale. Le rapport de Ban Ki-moon rapporte, en clair, que ce qui s'est passé lors de Manhasset III ne peut être qualifié de négociations. C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu échange d'idées et de points de vue entre les deux parties en conflit. Mais l'ONU a de quoi se reprocher aussi dans cette affaire qui, pourtant, relève d'une question de décolonisation pure et simple. Et s'il y avait bruit des armes au bout du compte, ce serait sur le quai de Ban Ki-moon et son envoyé personnel pour le Sahara occidental, Peter Van Walsum, qu'échouerait la barque de responsabilité. L'organisation planétaire que dirige le Sud-Coréen Ban Ki-moon n'a toujours pas assumé ses pleines responsabilités dans le dossier sahraoui. L'ONU, cette première instance internationale chargée, entre autres, d'assurer la paix et la sécurité dans le monde, semble être totalement à la merci des cinq puissances détentrices du droit de veto, mais surtout incapable de faire respecter ses propres résolutions sur le Sahara occidental. Ban Ki-moon s'est contenté de relever dans son rapport l'attachement des deux parties, à savoir le Front Polisario et le Maroc, au principe des négociations, soulignant, par ailleurs, que le conflit demeure, malheureusement, intact. C'est dans ce sens que le secrétaire général de l'ONU a rappelé au Conseil de sécurité la décision d'aller vers une quatrième session de conciliabules, prévue du 11 au 13 mars prochain. Le rapport du secrétaire général des Nations unies a rendu évidente la nécessité d'aller vers des négociations intensifiées qui devront traiter du noyau du problème. La partie marocaine, ne montrant aucune volonté d'aller de l'avant, était scotchée, le long des conciliabules, sur une position d'«intransigeance» qui empêche, il est utile de le souligner, la tenue de négociations sérieuses et responsables. Il faut dire que la position figée de la partie marocaine n'est autre qu'une autre violation des résolutions 1754 et 1783 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui stipulent que les négociations de Manhasset «doivent se tenir sans conditions préalables». Ban Ki-moon fera savoir au Conseil de sécurité que les deux parties ont répondu, néanmoins, aux questions de Peter Van Walsum, son envoyé personnel pour le Sahara occidental et représentant de l'ONU dans le processus de négociation, «mais aucune proposition n'a été discutée par les deux parties», lit-on dans un résumé de ce même rapport. Or, le secrétaire général semble oublier de faire part au Conseil de sécurité de l'ONU qu'il était incapable de faire respecter ses résolutions sur le Sahara occidental. Une omission de taille. En attendant de voir l'ONU assumer parfaitement ses responsabilités, l'envoyé personnel de Ban Ki-moon au Sahara occidental, Peter Van Walsum, est attendu en février, au Maroc, et dans les camps de réfugiés sahraouis, en Algérie et en Mauritanie, deux pays observateurs.