Photo : Riad Par Karima Mokrani Manque de temps, manque d'argent… et trop de stress dans la vie quotidienne des Algériens pour qu'ils prennent sérieusement soin de leur alimentation. Rares sont ceux qui se permettent un bon repas, sain et équilibré. Les bons plats ne sont pas à la portée de toutes les bourses y compris parmi ceux que l'on appelle des «cadres» Les fast-foods pour tromper la faim Les Algériens mangent donc mal. De plus en plus mal. Trop gras, trop salé… et trop sucré, n'ayant d'autre choix que de se rabattre sur les pizzerias, les fast-foods et les restaurants du coin. Pas de souci à se faire quant aux risques de maladies, l'essentiel est de se remplir l'estomac et de calmer sa faim. «De toutes les façons, on va tous mourir un jour […]», disent les habitués des plats rapides à bon marché. Pourtant, l'hygiène fait souvent défaut dans ces «gargotes» rarement contrôlées par les inspecteurs du commerce. Les menaces de fermeture ne sont pas toujours exécutées. Il n'y a qu'à jeter un coup d'œil à l'arrière-boutique de ces magasins multiservices –reconversion selon les périodes (produits alimentaires, chaussures, quatre saisons… kelbelouz et zlabia pendant le Ramadhan) pour se rendre compte de l'ampleur des dégâts. Très peu de propriétaires et de gérants veillent à la bonne hygiène des lieux mais aussi des ustensiles, des plats, des verres… et autres matériels utilisés dans la préparation et la présentation des repas. Un citoyen s'est présenté hier à notre rédaction, une bouteille de jus pleine d'objets flottants non identifiés, impropres à la consommation. «Ces objets sont visibles à dix mètres à la ronde […] et la bouteille est fermée en bonne et due forme», fait-il remarquer. «Je ne vais pas me taire. C'est inadmissible […] Où est donc passée la sagesse commerciale ? A-t-elle été engloutie par la cupidité rusée que réclament les affaires ? Sinon, comment expliquer ce mépris envers le consommateur auquel est destinée la bouteille ?» interroge-t-il. L'homme affirme avoir aperçu la bouteille dans une caisse qu'un employé d'une cafétéria déchargeait d'une fourgonnette. Manque d'hygiène et de culture nutritionnelle Une chose est sûre, personne n'achètera cette bouteille. Le vendeur n'osera pas la présenter à son client. Sa présence dans cette cafétéria ne peut toutefois passer inaperçue. Ce cas est peut-être exceptionnel mais il est grave et renseigne de façon on ne peut plus claire sur les mauvaises conditions de production et de distribution de ces boissons, de façon particulière et de tous les produits alimentaires en général. «Cela veut dire tout simplement que la bouteille n'a pas été nettoyée. C'est plein de poussière à l'intérieur. Il y a même des moustiques», dénonce-t-il. L'hygiène, les excès de gras, de sel et de sucre ne sont pas les seuls problèmes qui se posent dans l'alimentation quotidienne des Algériens, avec tout ce que cela entraîne comme maladies (problèmes digestifs, ulcères, diabète, cholestérol, cancers… sans compter les deux problèmes de surpoids et d'obésité qui touchent particulièrement la gent féminine). L'autre problème et non des moindres, c'est celui du déséquilibre alimentaire. Les Algériens mangent à leur faim et c'est tant mieux. Ils mangent en quantité considérée suffisante et, là encore, c'est tant mieux. Mais qu'y a-t-il dans cette alimentation ? Est-elle riche en protéines ? en minéraux ? en fibres… ? Ce n'est pas du tout évident. Les Algériens mangent mal, non seulement parce qu'ils ne peuvent se permettre de meilleurs plats en termes d'argent mais aussi parce que leurs connaissances en nutrition sont très limitées : la composition des aliments, leur apport nutritionnel… toute une culture à développer et à enrichir, de façon à répondre aux besoins de l'organisme en quantités suffisantes et en fonction de son budget et de ses goûts. Un grand travail d'information et de sensibilisation doit se faire pour le développement de ces connaissances chez un maximum de citoyens, en ciblant particulièrement les ménagères et les écoliers.